Voilà le CR à la Pierre
Ce n'est pas tous les jours qu'un groupe culte comme Satyricon passe en France: la deuxième fois seulement, d'après ce qu'a dit Satyr. Les ayant vus (et adorés) au Earthshaker Fest cet été, et aimant beaucoup sur disque, je me suis donc fait une joie d'aller les voir à la Loco, d'autant que je n'avais entendu que du bien de Keep Of Kalessin et que si Insomnium n'a rien d'extraordinaire sur album, c'est quand même agréable à écouter et ça peut être une bonne première partie!
Je n'étais en tout cas pas le seul à avoir eu cette idée, car la salle était très bien remplie

. Pas complètement bondée, car on pouvait quand même y respirer et circuler, mais c'est sûr que le tourneur n'a pas été déficitaire sur cette date

! Ca change du concert de Vanden Plas quatre jours plus tôt: il devait y avoir là deux fois plus de personnes pour une salle plus petite. Enfin ce n'est pas le même style ni le même public... Par contre, la Loco reprend ses bonnes vieilles habitudes avec ces fameux concerts qui commencent très tard et se terminent après le dernier métro

. Des efforts pour des horaires plus raisonnables avaient pourtant été faits au cours des deux dernières années...
A 21h30, les hostilités commencent et le premier groupe de la soirée entre en scène. Il s'agit d'
INSOMNIUM un groupe de death mélodique finlandais qui fait la promo de son troisième album. Disons-le tout net: c'est originalité zéro! Ces Nordiques sont un peu influencés par Amorphis (surtout pour les leads de guitare, on sent bien qu'ils ont beaucoup écouté "Elegy" et "Tales from the Thousand Lakes" dans leur jeunesse) et très fortement par Dark Tranquillity. Ils sonnent même souvent comme une copie conforme de ces derniers, sauf que leur musique est beaucoup moins variée moins variés que cele des Suédois. A ce titre, Hevydevy fera une blague foireuse qui résume bien la situation: "Tiens, ils reprennent la chanson qu'ils viennent de jouer"

! Bref, c'est extrêmement prévisible. Il n'empêche que ça se laisse écouter. Leur son n'est pas mauvais, ils sont carrés et le chanteur, assez grand et baraqué, a une bonne présence scénique. Les Finlandais béénficient donc au final d'un bon accueil du public, avec pas mal de pogos dans la fosse. Bref, pour un groupe de première partie, Insomnium tient la route. Ils ont du chemin à parcourir avant de prétendre à plus, par contre. Il faudra que leur musique soit plus personnelle à l'avenir s'ils veulent être plus haut sur l'affiche.
L'autre première partie est
KEEP OF KALESSIN, groupe norvégien précédé d'une réputation flatteuse mais dont je n'avais jamais entendu une seule note jusque là. On ne m'en a dit que du bien. Il paraît qu'ils pratiquent un black metal assez original et complexe et que leur dernier album, "Armada", est une tuerie. Mais le groupe a bénéficié d'un son complètement pourri, qui a donné l'impression d'un groupe de true black metal basique. On entendait parfois à peine le chant et le son des guitares était très brouillon. Ca n'empêche que j'ai quand même apprécié (mais je suis dans une bonne période evil, vu que j'arrive à aimer le dernier album de Gorgoroth

), surtout grâce à la bonne présence scénique des musiciens. Ce sont des géants, bien grimés et qui se donnent bien sur scène

Les fans du groupe n'ont en tout cas pas du tout aimé. J'ai quand même décidé de leur donner une chance en achetant leur album "Armada". A revoir dans d'autres conditions.
Après ces deux amuse-gueules de bonne facture, on peut passer aux choses sérieuses avec les vedettes de la soirée,
SATYRICON. J'attendais avec impatience de voir les Norvégiens dans une petite salle. Je ne les avais vus qu'en festival, au Earthshaker, en plein air et de jour. C'était déjà excellent, mais il me semblait que leur musique prendrait vraiment toute sa dimension dans une salle obscure. Leur prestation de ce soir m'a donné entièrement raison. Ils ont mis tout le monde d'accord avec un concert magistral

. Le décor de scène est minimaliste, à part le pied de micro de Satyr en forme de branche d'arbre épineuse torsadée. Satyr et Frost sont épaulés pour cette tournée par des musiciens de Keep Of Kalessin (qui réussissent donc le tour de force de jouer deux concerts d'affilée, et ce tous les soirs d'une tournée de près de deux mois

!) et par une jolie blonde aux claviers

. Tout ça forme un ensemble parfaitement soudé, véritable machine de guerre scénique. En prime, le son est impeccable

. Satyr a énormément de charisme. Par contre, il n'a pas du tout l'attitude evil clichesque: il est très communicatif et plaisante souvent avec le public. Il ne tire pas la gueule pour faire le gros méchant et a souvent le sourire. Il est naturel, quoi. C'est assez rare dans le black metal pour être souligné. Son attitude sur scène serait plus celle d'un thrasheur que d'un blackeux, s'il fallait mettre une étiquette

... Question play-list, la période récente du groupe est privilégiée. Toutefois, on a quand même eu droit à un extrait de "Dark medieval times" et un de "The shadowthrone" dont je ne saurais dire les noms. On a eu droit à trois titres du fabuleux "Nemesis divina": "Du som hater gud", "The dawn of a new age" (pas sûr) et, bien sûr, "Mother North"

. Mais les morceaux qui ont le plus fait bouger la fosse furent ceux du dernier album, "Now, diabolical". Non seulement parce que ce sont de très bons titres, mais aussi et surtout parce qu'ils sont taillés pour le live

. Leurs riffs directs et très thrashisants, ainsi que leurs refrains accrocheurs rendent ces chansons absolument imparables. C'est quand le groupe joue "Now, diabolical" (la chanson) que la fosse commence à se déchaîner et à pogoter dans tous les sens

"K.I.N.G.", dont Satyr fait chanter le refrain en choeur, et "The pentagram burns", recueillent le même succès. Ca bouge dans tous les sens, ça charge, ça headbangue, bref, que du bonheur dans une ambiance sympa

. Les extraits de "Volcano", un peu moins immédiats sur album, passent également très bien en live. Un "Fuel for hatred" ou un "Black lava" sont bien efficaces. Mais le moment fort du concert, c'est les rappels. Le public commence à scander l'air de "Mother North", le groupe revient... et entamme une magistrale reprise de "Raining blood" de Slayer

! La fosse est littéralement déchaînée, avec les plus gros pogos de la soirée

. Et en plus, Satyricon continue son hommage à Slayer en enchaînant sur le riff de "Postmortem"... qu'ils ne joueront finalement pas

! Le groupe revient pour un deuxième et ultime rappel, qui sera donc le magnifique "Mother North", dont le public n'avait pas cessé de chantonner la mélodie après les reprises de Slayer et qui recueille donc un succès fou

. Ainsi se termine leur prestation, qui a débordé d'un bon quart d'heure par rapport à l'horaire prévu. C'est bien là le signe d'une soirée réussie, et un tel final valait bien un petit retour en taxi avec Kry et Night-Witch

.
Malgré les horaires tardifs et la fatigue du lendemain, il y a de quoi être heureux tant ce concert était bon

. C'est en tout cas le meilleur concert de black metal que j'ai vu depuis deux ans

. J'espère qu'après une telle soirée, Satyricon repassera plus souvent en France.