Mr.ChaNoir ayant une soirée "consultations privées prof-parents" à son école gratuite et obligatoire, c´est avec ma petiote que je me suis rendue au nouveau P8 pour Messa.
Le P8 pour info ou rappel, c´est un lieu culturel fondé par un collectif anarchiste au départ dans des locaux industriels abandonnés. Il y avait tout un petit monde paralèlle qui foisonnait là-bas. Il y a quelques années tout a été rasé pour construire logements et parkings neufs. Suite à une pétition et pas mal d´actions de protestation, la ville a permis au P8 et à sa soeur le Café Noir de se recaser dans un autre quartier de la ville. Première fois pour moi dans les nouveaux locaux donc ce jeudi.
Premier avantage: nettement plus facile d´accès. L´entrée est toujours aussi difficile à trouver que précédemment par contre
Dedans c´est propre et neuf ou rénové mais ils ont su garder leur âme: beaucoup de bricolage punko-gaulois, récupération d´éléments mythiques de l´ancien lieu comme les 3 affiches montrant une araignée, un taureau et un cochon [
en Allemand c´est le même mot pour "araignée" et "déconner", "taureau" peut désigner les flics selon le contexte et "cochons" c´est clair pour tout le monde > lu de gauche à droite, ça donne donc "les araignées, les taureaux, les cochons" façon imagier de maternelle ou "ils déconnent les flics ces cochons" si on veut le comprendre comme ça. Honni soit qui mal y pense 
]. Le bar a été construit à partir de structures métalliques comme celles qui servent d´endroit de fixation pour les spots etc. sur une scène et ils y ont réintégrés les éléments de mécanique (cardans, chaînes...) qui constituaient l´ancien bar.
C´est beaucoup plus grand. On y case facile 400 personnes si pas plus. Quand on entre dans la salle proprement dite, on a le bar à gauche, directement autour de soi quelques "tables" et sièges, le merch à droite et une grande tenture noire face à soi, laquelle coupe la salle un-tier/ deux-tiers au niveau du bout du bar, permettant aux musiciens de faire le sound check en paix pendant que les premiers arrivés consomment déjà dans le premier tiers du local.
Quand le rideau s´ouvre, il le fait au centre de la pièce, se repliant de façon à ne plus couvrir que le dos de la technique. Le long des murs des estrades permettant de se tenir debout en hauteur ou de s´assoir, pour les petits et les fatigués. Le son est très bon dans l´ensemble bien que devant la scène à droite ce n´était pas parfait. Retour à gauche après un morceau donc.
Julinko
c´est le genre de truc que, si on m´enferme avec ça comme musique de fond dans une celulle, j´avoue tout ce qu´on veut, pitié. Techniquement ce qu´elle fait avec sa voix est cependant impressionnant. L´idée d´utiliser un système de loop qui reproduit les sons qu´elle vient d´émettre et sur lesquels elle retravaille directement est intéressante également. Mais bon moi ça me fatigue assez vite. D´autant que visuellement, comme elle est seule et doit tout gérer, ça laisse une impression très brouillon. En fait elle est très organisée objectivement mais pour le public c´est ennuyeux à voir. Elle devrait peut-être imaginer un sytème de panneaux façon ombres chinoises qui la laissent disparaitre pour les réglages et ne revenir qu´au moment du chant. Je ne sais pas et on s´en fout, c´est pas mon truc de toute façon.
Messa
C´était parfait. Maitrise des instruments à un très haut niveau, mise en scène épurée mais intelligente - par exemple la sortie d´abord de la chanteuse tandis que les 3 autres continuent de jouer, puis du bassiste après avoir fini sa partie, enfin du batteur de même pour laisser toute la place à un solo de guitare qui va prendre une ampleur dingue. Il y a un silence religieux dans toute la salle, environ 200 personnes. Jamais auparavant je ne suis restée bouche bée comme ça à cause d´un solo. Puis retour des 3 autres membres selon le même procédé.
L´emploi d´un archet de violon sur les cordes de guitare (sur Babalon? Suis plus sûre) était un moment fort aussi. Puis la voix évidemment bien sûr.
Un point bonus plus de la soirée c´était le public. Loin du standard des salles habituelles, les gens qui sont là ce soir sont tous venus pour écouter et se taire. Fabuleux.