Et j'ai enfin regardé le DVD bonus, 6 mois après


chant : Rob Halford
guitares : K.K. Downing
guitares : Glenn Tipton
basse : Ian Hill
batterie : Scott Travis
12 ans... Putain, 12 ans c'est long. C'est le temps qu'il aura fallu pour que Rob Halford revienne là où il aurait toujours dû rester

Simplement, à mon humble avis, l'inspiration n'était plus au rendez-vous malgré l'envie d'aller de l'avant, alors que de son côté Rob nous a donné quelques disques savoureux. Or ce qu'il faut retenir en premier de cette "reformation", c'est la reconstitution d'un trio expérimenté de compositeurs (Tipton/Downing/Halford), en opposition au Tipton esseulé qui s'essayait à diverses expérimentations hasardeuses sur Demolition. On aura beau dire, un seul être vous manque.....
L'inévitable devait se produire un jour ou l'autre, et maintenant que le socle est reconstruit, comme par magie on retrouve enfin des vrais riffs, des mélodies attachantes, des duels de guitares... du Heavy Metal pure souche comme on l'aime, du Judas fuckin' Priest!!! Et du Priest plus varié que jamais, car pour la première fois de leur carrière les anglais ne cherchent pas à innover ou à se renouveler mais plutôt à proposer un melting-pot de ces 30 dernières années, comme pour (se) rassurer. C'est assurément une démarche à double tranchant, car certains fans seront à coup sur déçus par cette manque de prise de risques, mais vu sous un autre angle Angel of Retribution contient presque tout ce qu'on était en droit d'attendre de leur part. Hormis l'effet de surprise donc... la vraie surprise étant de voir que la sauce a pris à nouveau, comme si la dernière décennie n'avait pas existé! Car bien au delà de sa voix, c'est surtout une âme qu'Halford a redonné au groupe.
La plupart des époques de la longue et conséquente évolution du Priest sont représentées sur ces 10 morceaux, par exemple "Deal with the Devil" et "Wheels of Fire" nous ramènent au Judas accrocheur des années 80, le rouleau-compresseur "Judas Rising" en ouverture aurait pu apparaître sur Ram It Down, "Revolution" sonne un peu comme la suite de "Take on the World" sur Killing Machine, et n'en déplaise aux détracteurs de Turbo, la très chouette power-ballade "Worth Fighting For" semble sortie de cet album, où Rob chante de manière très pure et naturelle, sans forcer.
Venons-en justement à notre Metal God, qui n'a plus tout à fait la voix invincible et intouchable d'il y a 25 ans, il faut bien voir la réalité en face et l'accepter. Oui il n'a plus toute l'aisance d'antan à se jouer des octaves et il ne peut plus trop se permettre de folies insensées, même si quelques poussées aériennes sont toujours disséminées ici et là. Et pourtant... et pourtant malgré le poids des ans sa performance est exemplaire, car il compense de superbe manière par son feeling unique, et c'est bien là où l'on reconnaît les très grands chanteurs. Même diminuée, une légende reste une légende. La très jolie ballade naïve "Angel" ou la magnifique interlude au piano "Eulogy" (joué par Don Airey) en sont la preuve, des morceaux qui respirent le Priest des années 70 et en particulier l'époque Sad Wings of Destiny / Sin After Sin.
Quant à ses compères de toujours ils semblent avoir retrouvé une nouvelle jeunesse, les soli ne sont peut-être pas les plus marquants de leur histoire mais quand le duo Downing/Tipton se lâche comme sur "Hellrider" ou "Dealing with the Devil" c'est toujours des parties d'air-guitar garanties, sans oublier un Scott Travis qui effectue sa meilleure prestation depuis Painkiller, pas époustouflante mais solide, tandis que ce bon vieux Ian Hill bénéficie pour une fois d'un peu plus de place dans le mix ("Revolution", "Worth Fighting For"), ça mérite d'être signalé car ça faisait longtemps que cela n'était plus arrivé.
Comme pour se prouver et nous prouver qu'il sait encore varier, du chant très coulé de "Wheels of Fire" et "Angel" Halford passe aux phrasés saccadés sur "Hellrider" qui prend ses racines dans l'ère Painkiller, un futur classique où tous les enchaînements et arrangements vous rappellent pourquoi vous êtes fan ultime de ce groupe

L'album n'est donc pas si prévisible que ça, même s'il est évident qu'à l'heure actuelle le but du Priest est de rallier à leur cause tous les fans perdus ces 10 dernières années, en n'oubliant pas au passage d'insérer dans les paroles de nombreuses références à d'anciens morceaux

Quant à nous, pouvons-nous déjà inscrire Angel of Retribution dans le panthéon des classiques du groupe? Difficile à dire, mais j'aurais quand même du mal à aller jusque là dans la mesure où le meilleur Priest sera toujours le Priest conquérant qui ose et se renouvelle sans se trahir, et j'aurais également aimé un son un peu plus tranchant et fin sur les guitares. Maintenant replaçons-nous plutôt dans le contexte actuel et laissons parler l'émotion, et là point de regrets par rapport à mes attentes modérées, car pour une surprise c'est une divine surprise!
Cet album arrive à point nommé pour remettre les pendules à l'heure et prouve si besoin est que Judas Priest n'est pas qu'un (immense) héritage laissé au Heavy Metal, mais bien encore un de ses plus fiers porteurs d'étendard.
Mais quand même, 12 ans...... putain ce fut long

4/5
PS : L'édition limitée digipack contient un DVD bonus sympa avec 7 titres enregistrés live lors du concert à Barcelone, ainsi qu'un petit documentaire sur la reformation.
:: http://www.judaspriest.com/ ::