Le label Nuclear Blast a organisé une tournée européenne à l'affiche 100% scandinave, baptisée Neckbreaker Balls Tour. La date parisienne était la dernière au programme. Si les deux têtes d'affiche que sont Hypocrisy et Soilwork sont des groupes que l'on voit régulièrement de par chez nous, ce n'est pas le cas d'Amorphis dont la venue fait presque figure d'événement (surtout vu la qualité d'"Eclipse", le dernier album des Finlandais) :hail: . Et la présence One Man Army and the Undead Quartet et de la révélation death mélodique de l'année qu'est Scar Symmetry constitue des amuse-gueule alléchants. Bref, tout ce qu'il faut pourme motiver à aller à ce concert

!
Pourtant, en arrivant à la Loco vers 18h, ce n'est pas la grande foule devant l'entrée. On m'avait bien dit que le premier groupe commençait à 18h30, mais visiblement, tout le monde n'a pas été mis au courant, d'autant que sur les tickets, l'heure d'ouverture des portes indiquée était 19h30

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C'est donc devant une "foule" très clairsemée et conviviale que
SCAR SYMMETRY va jouer. Les Suédois ont sorti un superbe album avec "Pitch black progress", qui en fait la révélation de ce début d'année en termes de death mélodique. La qualité de leur musique et leur relative originalité tient à deux facteurs: un super chanteur, Christian Älvestam, qui est aussi doué en chant clair qu'en voix death, et de superbes parties de guitares. Pour le premier, j'attendais de voir ça sur scène avec une grande curiosité. Les chanteurs alternant deux types de voix sont assez courants et, si ça passe souvent très bien sur album, c'est moins le cas sur scène. On a pu le voir à de multiples reprises par le passé avec Soilwork (ce qui ne sera pas le cas ce soir, d'ailleurs). Bah là, il n'y a pas de problème: il sait faire en live tout ce qu'il fait sur disque! La manière dont il passe insensiblement d'un registre à l'autre est impressionnante. Les autres membres du groupe ont la pêche, surtout le bassiste. Mais on sent quand même qu'ils n'ont pas encore une grosse expérience scénique. Ils sont carrés, mais quand même assez statiques. Mais ça viendra avec le temps, car on devrait être amenés à les revoir assez souvent. Ils ont joué une grosse demi-heure, alternant des titres de "Pitch black project" avec ceux de leur premier album que je ne connais pas. Ils ont par contre été desservis par un son assez brouillon qui ne mettait pas en valeur la finesse de leur musique. Bonne prestation malgré tout

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Autre nouveau groupe à investir la scène:
ONE MAN ARMY AND THE UNDEAD QUARTET, le nouveau groupe Johan Lindstrand, ex-chanteur de The Crown. Je n'en attendais pas grand chose, car si leur album "21st century killing machine" m'a bien plu, il ne m'a pas non plus laissé une impression très marquante. Mais sur scène, c'est autre chose! Par rapport à leurs compatriotes de Scar Symmetry, on sent déjà que ce sont des musiciens qui ont bien plus d'expérience scénique. Ils se bougent plus sur scène et en prime, Lindstrand est très charismatique. Il est certes laid comme un pou avec ses grosses rouflaquettes et son regard de tueur

, mais il en impose. Il communique bien avec le public, et ses compères ne sont pas en reste. En prime, la musique de l'armée d'un homme et son quintète des morts vivants est terriblement efficace sur scène. Si sur album, c'est sympa sans plus, leur thrash/death dépote tout en live

. En plus, les Suédois bénéficient d'un son assez clair. Au final, je reste sur une excellente impression, alors que je n'attendais rien de particulier de ce groupe.
On va ensuite passer aux choses sérieuses avec le seul groupe non-suédois de l'affiche:
AMORPHIS. J'ai toujours bien aimé la musique des Finlandais quelles que soient les périodes (avec un bémol pour "Am universum", que je trouve nettement inférieur au reste), mais leur dernier album en date est vraiment un chef d'oeuvre

. En plus, je ne les avais jamais vus sur scène. Il faut dire que cela doit faire une dizaine d'années qu'ils ne se sont plus produits en France. Toutes ces raisons font que c'était le groupe que j'attendais le plus de la soirée. L'attente sera pleinement comblée. Leur nouveau chanteur, Tomi Joutsen, se révèle excellent à tous points de vue

. Très doué vocalement aussi bien pour les voix claires que le chant death, il est dont capable de chanter l'intégralité du répertoire de son groupe. Il a d'ailleurs un micro spécial qui semble très perfectionné. En tout cas, sa voix a été bien mise en valeur pendant le concert. Du reste, le son était correct dans l'ensemble, sans être fabuleux. Et puis, il a du charisme malgré son gros poulpe sur la tête. Il sait tenir une scène et a une bonne gestuelle. Il ne lui manque qu'une chose: savoir meubler entre les morceaux, ce qu'il ne fait pas trop. Pour le reste, il est impeccable. Au niveau des morceaux, aucun album n'est oublié. Si "Eclipse" est à l'honneur avec quatre morceaux (et un gros succès pour le refrain de "House of sleep"), les autres sont également représentés, même le tout premier, "Karelian isthmus". Ces titres de différentes périodes, malgré leur différence de style (parce qu'il y a une sacré différence entre le death metal des débuts et le hard rock psychédélique mâtiné de folk depuis "Tuonela"!) s'enchainent parfaitement et sans donner l'impression qu'il y ait d'incohérences. En plus, c'est au moment où les Finlandais sont entrés sur scène que la salle a vraiment commencé à se remplir, et elle était bien garnie au final. Ils ont donc remporté un franc succès, avec un super accueil

. Ils auraient mérité d'être placés un peu plus haut sur l'affiche, à mon avis. J'espère qu'on les reverra bientôt.
L'ambiance va monter d'un cran avec
SOILWORK. Après une attente assez longue due à un soundcheck hasardeux, le groupe débarque et c'est l'effervescence dans la fosse

! Au début, c'est vraiment excellent: le groupe est à fond dans son trip avec un bon son, mené par un Bjorn Strid en grande forme

. Vocalement, d'ailleurs, les progrès sont sensibles car son chant clair ne souffre d'aucun défaut. Moi qui ne suis pas (ou plus) fan de Soilwork, j'apprécie vraiment beaucoup. Mais après trois morceaux, ça se gâte. Pas la faute au groupe, mais à un son qui devient complètement merdique. Je connais à peu près tous leurs albums, mais j'avais vraiment du mal à reconnaître les chansons. Ca ne gènait visiblement pas les vrais fans, qui pogotaient de manière intensive et reprenaient les refrains en choeur... mais moi, au bout d'un moment, ça m'a un peu pris la tête. A la fin, je commençais à m'ennuyer et n'attendais qu'une chose: que ça s'arrête

. Une fois de plus (la cinquième), je ne me suis pas éclaté à un concert de Soilwork

. Mais là, ce n'était vraiment pas la faute au groupe, qui s'est vraiment donné à fond. Avec un son nickel, je pense que j'aurais beaucoup aimé.
Après une autre pause assez longue, c'est au tour de la tête d'affiche d'investir la scène.
HYPOCRISY va tout péter

! Leur musique est plus froide que celle de leurs prédécesseurs, mais tout aussi efficace et, personnellement, j'accroche plus à la base. La bande à Peter Tägtgren débarque sur l'excellent "Let the knives do the talking", un morceau bien pesant de "Virus", leur dernier album en date, suivi par "The arrival". Après ce démarrage soft avec des morceaux lents et lourds, le groupe met le turbo avec "Osculum infernum", qui va lancer un énorme pogo

! Après ça, en fait, le groupe va balayer l'ensemble de ses albums ("Virus" et "The final chapter" étant les plus représentés). A signaler qu'ils ont rebaptisé "Roswell 47" "Paris 47"! Comme sur disque, par contre, ils vont alterner titres atmosphériques et chansons speed. Mais ça fait toujours son petit effet et le public répond bien présent. On voit bien en tout cas qui est la tête d'affiche: Hypocrisy a le meilleur son et les meilleurs lights de la soirée,e t de loin. Ils font un set super pro et carré, absolument irréprochable, justifiant ainsi pleinement leur statut.
Voilà donc une bonne soirée avec cinq groupes de qualité, qui s'est en plus terminée avant les derniers métros. A la Loco avec cinq groupes à l'affiche, c'est assez rare pour être signalé

!