Et voici le CR que tout le monde attendait
Therion et Grave Digger sont deux de mes groupes préférés, tous styles confondus. Alors quand j'ai appris, six mois auparavant qu'ils allaient faire une tournée européenne ensemble, ça m'a mis dans tous mes états

J'ai inscrit le 23 janvier 2007 en énorme sur mon calendrier, j'en ai fantasmé, j'en ai rêvé la nuit... Enfin bref, j'étais content! Pourtant, cette affiche a de quoi dérouter, car il n'y a pas grand chose de commun entre le metal symphonique grandiose de Therion et le heavy metal germanique très basique de Grave Digger. Mais au moins, ça permet de ramener un public assez large. Enfin personnellement, ça ne me gène pas: j'adore les deux! C'est un Elysée-Montmartre bien rempli mais pas sold-out qui accueille ces deux groupes. J'aurais pourtant pensé que ce serait plein vu que lors du dernier passage de Therion dans la capitale, à la Loco, la salle affichait complet plusieurs semaines à l'avance...
C'étaient les Suédois de
SABATON qui ouvraient le bal, mais on les a zappés. Leur heavy ultra-clichesque est bien marrant et doit sûrement être sympa sur scène (surtout si l'attitude scénique du groupe est aussi kitsch que la musique), mais le bar d'à côté était sympa aussi

J'y ai retrouvé Talasquin et Griselda, puis Gandalf et Damnation Game nous ont rejoints, suivis dans la foulée par Schubi le revenant, Prometheus, Alexa, Bibet Metal Militia. La bataille de sous-verres a été quand même moins intense qu'avant Blind Guardian

Plus courte aussi, puisqu'on ne voulait pas louper Grave Digger... du moins certains d'entre nous, parce que d'autres se seraient bien passés de nous suivre pour voir les Allemands
On entre dans la salle vers 19h15, un gros quart d'heure avant le début du groupe. Le temps de dire bonjour à plein de monde dont certain(e)s pas vus depuis belle lurette et de prendre une pinte, je retrouve le G@sp, Manorhead et Powersylv au premier rang pour la première claque de la soirée

C'était la première fois que
GRAVE DIGGER se produisait à Paris intra muros (puisque la dernière fois, c'était au Plan de Ris-Orangis, en grande banlieue), et seulement la deuxième qu'une tournée du groupe passait par la France. En vingt-cinq ans d'existence, c'est vraiment honteux

Mais le fait d'ouvrir pour Therion leur permet de jouer devant un public plus large dans des salles pleines (je doute qu'ils puissent attirer plus de 300 personnes seuls...). Ils vont donc en profiter en faisant une superbe prestation. C'était la quatrième fois que je les voyais, et ils ont toujours été bons scéniquement (quand même un ton en dessous la dernière fois, 2004). Leur concert au Wacken 2001 avec batailles d'épées et farandoles en kilt dans la fosse reste l'un de mes grands souvenirs live

Je n'ai pas mis le kilt cette fois (il faisait trop froid, de toute façon!), mais ce fut quand même un grand moment. Déjà, le groupe a fait un énorme effort a niveau visuel. D'habitude, c'est assez minimaliste de ce côté (il n'y a qu'à voir le DVD "25 years to live" pour s'en convaincre). Là, on a droit à un immense backdrop aux couleurs de la pochette de "Liberty or death" , leur nouvel album sorti une semaine auparavant, en fond, et deux autres sur les côtés. Le clavier est d'ailleurs caché derrière. ça fait bizarre de voir le groupe sans Hans-Peter Katzenburg déguisé en faucheuse, mais bon... Par contre, le light-show est magnifique

Le groupe débarque sur la chanson titre de leur dernier album, qui passe assez bien en live. Premier constat: Chris Boltendahl est bien en forme, tant vocalement (certes, il faut aimer son timbre

) que sur le plan de la prestation scénique pure. Il bouge beaucoup et est très communicatif. Le reste du goupe est bien en place et le son et bon. L'accueil est bon pour la nouvelle chanson, mais rien à voir avec ce qui va suivre. C'est une vraie play-list best of que le groupe nous offre. Dès le deuxième morceau, "The dark of the sun", la température monte de plusieurs degrés, les têtes headbanguent plus vite. Et ça enchaîne sur "Excalibourre", euh... "Excalibur"

et "Lionheart", et c'est la folie! Dès le quatrième morceau, j'ai déjà mal à la gorge à force de hurler les refrains

Le groupe est acclamé, du moins par le premier tiers de la salle. Et les classiques s'enchaînent à nouveau, encore et encore, entre deux nouveaux morceaux ("Highland glory" et "Silent revolution") qui semblent avoir un bon potentiel. Les "Knights of the Cross", "Valhalla", "The round table" ou "Morgane Lefay" sont toujours aussi efficaces. Une petite surprise, par contre: "The grave digger" a été zappé, au profit d'une autre chanson de cet album, "Raven" (très bien, d'ailleurs

), et "The last supper" est jouée en rappel après l'inévitable "Rebellion" (et son "the clans are marching against the law..." chanté en choeur par les premiers rangs

). Comme d'habitude, par contre, c'est sur "Heavy metal breakdown" que se conclut le show. Ca a été une jolie boucherie, en tout cas

Grave Digger nous a délivré 75 minutes de gros heavy metal basique et jouissif, enchaînant les hymnes comme des perles. Mon avis n'est peut-être pas très objectif, parce que je suis fan du groupe. Mais dans la mesure ou les autres fans que je connais ont adoré aussi, j'ai sûrement raison

Je pense en fait qu'un tiers de la salle environ était acquis aux Allemands ou convertis à leur musique. Les non fans ne semblent pas avoir apprécié outre mesure, par contre

En tout cas, vivement qu'ils repassent en France en tête d'affiche
Play-list de Grave Digger:
Liberty or death
The dark of the sun
Excalibur
Lionheart
Valhalla
The round table
Raven
Highland glory
Knights of the Cross
Silent revolution
Rebellion
----
The last supper
Heavy metal breakdown
Après ce grand moment de bonheur, il est temps d'aller se désaltérer et discuter un peu avec tout le monde

Parce que j'ai beau adorer Grave Digger,
THERION, c'est quand même autre chose! Comme Grave Digger, c'est la quatrième fois que je les vois, et je ne pourrais jamais m'en lasser. Leur concert à la Loco en novembre 2001 pour la tournée "Secrets of the runes" est tout simplement le meilleur concert de ma vie, et j'en ai quand même vus un bon paquet! Leur passage dans cette même salle en 2004 était aussi un grand moment, avec deux heures de bonheur. Là, les Suédois jouent enfin dans une salle plus grande, et on peut donc s'attendre à ce qu'ils mettent le paquet en terme de spectacle. C'est vers 21h20 que le groupe arrive. On se demande combien de temps ils vont pouvoir jouer, vu les horaires fort peu tardifs de l'Elysée-Montmartre et son couvre-feu habituel vers 22h... Finalement, ils joueront une heure quarante, ce qui est peu pour du Therion, mais ils auront réussi à battre le record d'horaire de cette salle, en terminant à 23h10. Niveau spectacle, en tout cas, on est servi. Le décor est magnifique. Un immense backdrop en forme de cathédrale sert de toile de fond. La batterie est surélevée, et une grand escalier avec tapis rouge (qui a bien tapé dans l'oeil à Alexa

) mène à son socle. Les chanteurs ont également des postes surélevés (un de chaque côté), protégés par des herses et reliés entre eux par une passerelle. Le dispositif de cette grosse machine scénique qu'est Therion a par contre considérablement changé. Exit la dizaine de choristes, et Christoffer Johnsson a abandonné le chant pour se consacrer à la guitare. A la place, le groupe a quatre vocalistes, ni plus ni moins! Au chant féminin, on trouve Katarina Lilja et Lori Lewis, chanteuse du groupe américain Aesma Daeva venue donner un coup de main. Elles sont toutes les deux très douées vocalement et très mignonnes physiquement (ça change par rapport à Sarah Jezebel Deva

). Ce sont dex bonnes frontwomen qui s'éclatent bien sur scène et sont assez complémentaires, l'une ayant un registre plus haut perché que l'autre. Au chant masculin, on trouve toujours Mats Levén (chanteur d'At Vance et de Krux, entre autres), qui est épaulé par Snowy Shaw (Notre Dame, Dream Evil, King Diamond). Et c'est vraiment le top

Le premier est un p... de chanteur de heavy classique, au registre très large et possédant de grands talents de frontman. Il avait impressionné tout le monde lors de la précédente tournée, et il s'avère être toujours aussi doué. Quant à Snowy Shaw, il a une voix très particulière, grave et assez gutturale, roulant beaucoup les r. Il est beaucoup plus théatral que Levén, autant dans le chant que dans la gestuelle. Je n'ai jamais été fan de Notre Dame, donc je ne le connaissais pas en tant que chanteur. Je dois dire qu'il m'a bluffé! Il a d'ailleurs probablement beaucoup influencé le groupe pour le côté théatral de cette tournée. Tous les membres du groupe occupent la scène et échangent leur place à tour de rôle, se donnant régulièrement la réplique. Cela compense tout à fait la disparition des choristes, en donnant au groupe un aspect plus vivant. Le groupe arrive sur "Mitternachts Löwe", le morceau d'ouverture de "Gothic Kabbalah". A propos de cet album, je dois dire que j'étais assez dubitatif du rendu scénique de ses titres. Dans la mesure où, même s'il est bon, ce n'est vraiment pas ce que Therion a fait de mieux, la perspective d'en avoir beaucoup d'extraits aux dépends de classiques du groupe n'était pas trop pour me réjouir

Pourtant, ces nouvelles chansons passent très bien l'épreuve de la scène. Déjà parce qu'elles ne sont pas mauvaises en soi, et aussi parce qu'une interprétation parfaite, un son nickel et des prestations scéniques théatrales leur donnent une autre dimension. Le plus bel exemple est "The perennial Sophia", absolument magnifique en live

Pour les morceaux plus énervés, du fait de très bonnes guitares, c'est vraiment très bon. Cinq extraits de "Gothic Kabbalah" seront joués ce soir, sans faire tâche par rapport au reste: les deux titres précités, "T.O.F. - The trinity", "The wand of Arabis", et "Tuna 1613". Au moins, le groupe renouvelle sa play-list, comme il le fait du reste à chaque tournée. Par contre, des albums comme "Deggial" (dont j'aurais aimé avoir au moins "Flesh of the Gods") et "Lepaca Kliffoth" (là, c'était annoncé à l'avance, par rapport au fait que Christoffer Johnsson, qui assurait les voix death, a arrêté le chant) sont passés à la trappe, idem pour les albums interludes que sont "A'arab Zaraq lucid dreaming" et "Crowning of Atlantis" qui contiennent pourtant quelques pépites que le groupe joue régulièrement sur scène. Outre le dernier, en fait, ce sont surtout "Lemuria" et "Sirius B" qui ont la part belle, ainsi que "Vovin" (quel plaisir de réentendre "The birth of Venus Illegitima" et "The rise of Sodom and Gomorah"

). Il n'y a malheureusement que deux extraits de "Secret of the runes", mon album préféré: "Schwartzalbenheim" et l'inévitable "Ginnungagap" sur lequel j'ai perdu le peu de voix qui me restait

L'un des grands moments, aussi, fut "Lemuria", joué dans une ambiance de recueillement (même si on était tous bras dessus bras dssous

) pendant que tous les membres du groupe arboraient chacun un grand drapeau noir. Et bien sûr le final dantesque sur "To Mega Therion"

Il n'y a eu qu'un seul mauvais moment pendant ce concert: le solo de batterie chiant et inutile, qui nous a privés d'un morceau

Il y a eu un autre mauvis moment, aussi: quand le groupe est parti après "To Mega Therion" alors que sur d'autres dates, ils jouent des morceaux supplémentaires. La faute aux horaires de l'Elysée... C'est bien frustrant, en tout cas. Un heure quarante de Therion, c'est vraiment pas assez pour moi, surtout que je ne l'ai vraiment pas sentie passer. Les moments comme ça sont toujours trop courts, de toute façon. Therion est beau, Therion est grand, j'en veux encore!
Play-list de Therion:
Mitternachts Löwe
Schwartzalbenheim
Blood of Kingu
The Khlisti Evangelisti
Wine of Aluqah
An arrow from the sun
The perennial Sophia
Son of the sun
Birth of Venus Illegitima
T.O.F. - The trinity
The wand of Arabis
The rise of Sodom and Gomorrah
Tuna 1613
Ginnungagap
Grand finale
Lemuria
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To Mega Therion
Superbe soirée au final, même si trop courte à mon goût. L'affiche a bien tenu ses promesses, et autant Therion que Grave Digger ont assuré. J'espère avoir droit à des concerts de ce niveau plus souvent!