Rendez-vous donc à Gare de Lyon pour l’expédition au Rock Hard Festival accompagné de Manorhead le bien nommé, comme l’année dernière. Un troisième larron se joint à nous, à savoir Murder-One chroniqueur et photographe pour Metalchroniques, qui accumulera une poisse surnaturelle durant tout le week-end. La série débute avec son trajet en train depuis Toulon qui entre en gare avec près de 2h de retard. Pour ne rien arranger, le malchanceux nous apprend à son arrivée que son portable est tombé en panne le matin. Et ça ne fait que commencer...
Vu l’heure tardive, on décide de se remplir la pense avant le trajet. Notre choix s’oriente vers un restaurant méditerranéen en face du POBP où des couscous nous tendent les bras. Le famélique Manorhead, réputé son petit appétit, se contente de picorer un couscous royal, de picoter timidement quelques malheureuses saucisses et de nettoyer consciencieusement les autres plats, dont le mien que je n’avais entamé qu’à moitié.

On remarque mieux à la fin du frugal repas les motifs de son très tendance tee-shirt Agressive Agricultor, moulant en conséquence ses abdos houblonnesques.
Trajet sans histoire jusqu’aux abords de Gelsenkirchen où le GPS nous a été bien utile pour nous guider vers le site du festival. Alors que tout le monde s’entasse au parking, on déniche une place idéalement située, au même endroit que l’année dernière. Il ne reste en effet plus qu’à traverser un parc calme et bucolique pour atteindre l’antre des festivités. On décide alors de se passer du camping officiel et d’économiser du coup 12 euros chacun, vu que le parc semble tranquille et paisible.
Le premier volet de cette édition du Rock Hard Fest n’est plus un warm-up mais une journée à part entière, même si le gros de l’affiche est selon moi à venir. La scène est toujours placée en bordure d’un large canal où transitent des péniches, et la fosse plantée au milieu d’un amphithéâtre d’où l’on peut suivre lascivement les prestations avec une vision panoramique. Un endroit atypique mais diablement agréable pour le confort des spectateurs ! Le public répond massivement présent dès l’entame du festival, l’amphi étant déjà copieusement garni à l’arrivée du premier groupe
BULLET.
Du heavy-rock énergique ne pouvait pas déplaire pour décrasser les esgourdes des festivaliers. La musique de
BULLET va droit à l’essentiel avec en son cœur des refrains enfiévrés et vivifiants, relancés par des rythmiques classiques mais efficaces. Un groupe qui mérite sans nul doute bien plus que de faire l’ouverture d’un festival.
On pourrait supposer que
CRUCIFIED BARBARA prendra avantageusement le relais mais bien malheureusement, les mignonnes Suédoises n’impriment pas la même dynamique. Le combo ne fera pas mieux que la prestation poussive donnée sur ces mêmes planches en 2006. Objectivement, il n’y a pourtant pas grand-chose à reprocher à ses filles du rock, si ce n’est peut-être les frappes un peu tendres de la batteuse. Mais il manque indéniablement l’étincelle, la fougue, l’audace que nécessite un style qui ne pardonne pas la demi-mesure. Le meilleur moment intervient quand Murder-One nous expose des clichés tout chauds des sculpturales scandinaves, largement de quoi dresser les tiges.
Je préfère prendre mes distances avec les enceintes avant
CATARACT, laissant Manorhead, fan inconditionnel de metalcore, jumper comme un teenager au premier rang.
Fatigué de ses efforts dans les circle-pits, il nous rejoint de l’autre côté de la rive (donc derrière la scène) pour assister vautré lamentablement dans l’herbe au concert de
HEAVEN SHALL BURN, groupe que j’apprécie beaucoup, surtout de loin. C’est l’occasion de faire connaissance avec la jeune génération de metalleux Allemands, celle qui étudie encore au lycée et qui n’a pas l’argent pour pénétrer l’enceinte du festival. Le son n’est pas fort mais néanmoins de qualité très acceptable, suffisamment pour que des nuées de gamins prennent du bon temps à suivre les concerts. Manorhead le séducteur, qui reprend tout juste son souffle, fait alors connaissance avec une nana dont le minois indique qu’elle doit manifestement tout juste atteindre la moitié de son âge. Il roule alors gaillardement des mécaniques, montrant avec fierté son pass bobo, expliquant en bombant le torse qu’il est un boss de la presse et me présentant comme étant son fils (!).

Quelques rigolades plus tard, on regagne le plancher des vaches (c'est-à-dire là où les Allemandes ont plus de 18 ans, donc sont plus beaucoup plus charnues

) pour voir évoluer une formation en devenir, à savoir
GRAVE DIGGER.
Le son prend alors une consistance et un volume inattendus qui sied parfaitement au heavy bourru des vétérans Allemands. Autant dire qu’avec un tel allié, la bataille ne fait pas de quartier. Relativement blasé par ce groupe que l’on voit continuellement en festival, je garde cette fois-ci un souvenir marqué de ce show : celui de musiciens surmotivés et conquérants, d’un Chris Boltendahl époustouflant, porté par l’agressivité des rythmiques que l’ingé-son a su parfaitement mettre en avant. Bien que la setlist ne réserve aucune surprise (titres du dernier album et vieux classiques que j’ai la flemme de nommer), ce concert reste sans aucune hésitation le meilleur que j’ai vu du groupe jusqu’à présent.
Manorhead, qui faisait la sieste dans un coin, sort de sa torpeur pour ne rien rater de la performance de Joacim Cans, le meilleur chanteur de tous les temps (au moins) selon lui.
HAMMERFALL est donc là, encore une fois en tête d’affiche d’une journée de festival comme au Earthshaker Fest 2006. Ce groupe a souvent fasciné et surtout amusé la galerie avec ses décors scéniques grandiloquents, à l’image des poncifs qu’il véhicule dans les paroles de leurs chansons. Pas de pont-levis, ni de glaciers en carton aujourd’hui, mais de sobres escaliers en grossières fausses pierres qui rappellent vaguement un château médiéval. Mais nos yeux sont davantage interloqués par cette curieuse batterie qui se compose de pas moins de dix grosses caisses lumineuses, chacune imprimée d’une lettre et dont l'enchaînement forme le nom du groupe. Dans la grande tradition d'
HAMMERFALL en somme

Maintenant expérimenté, le combo Suédois déroule son arsenal de tubes qui s’étoffe album après album et peut compter sur un son d’une clarté irréprochable. Les compos du dernier album se glissent sans accroc dans la setlist, dont le grandiose "Rebel Inside" ("Rebel insiiiiiiide, rebel for life !") qui prouve sans ambiguïté qu'
HAMMERFALL, c'est viril et pas pour les fillettes.

Le nouvel arrivant à la basse Fredrik Larsson, qui connaît déjà la boutique pour en avoir fait pris part lors des débuts du groupe, est encore emprunté par rapport à son prédécesseur Magnus Rosen, et cadre donc avec l'attitude de purs poseurs de ses acolytes. La pyrotechnie complète agréablement une prestation pleine, sans fausse note et très professionnelle de nos chevaliers du metal qui ne nous font malheureusement pas le plaisir d'interpréter "Legacy of Kings".
La suite plus tard
