Le voilà
La première fois que j'avais vu Stratovarius, c'était déjà à Toulouse, en 2000, dans l'ancien Bikini. Dix ans après, je les revois dans le nouveau Bikini (après les avoir vus quelque fois entretemps à Paris ou en festival). Putain dix ans !!! A l'époque, c'était un de mes groupes préférés et en prime ils tournaient avec Rhapsody et Sonata Arctica dont j'étais assez fan alors. Depuis, pas mal d'eau a coulé sous les ponts. Je suis bien revenu de la vague speed mélodique, je ne suis plus fan d'aucun des groupes que je viens de citer (Strato compris, d'ailleurs) et les problèmes internes à Strato dignes de Dallas ou Santa Barbara leur ont fait perdre pratiquement toute crédibilité. Je ne suis pas allé à ce concert à reculons, mais je n'en attendais pas grand chose. En fait, j'étais surtout content d'y aller pour être avec des potes, boire quelques bières et prendre plaisir à réécouter les standards du groupe sur scène. Et puis le sud-ouest est tellement déserté question concerts depuis la fermeture du Havana Café en avril dernier qu'on ne va pas non plus faire la fine bouche
Le peu de concerts qu'on a eus dans la région ces derniers temps a probablement fait de l'effet, parce que quand j'arrive, le parking du Bikini est plein à craquer et je mets pas loin de dix minutes pour trouver une place

Je sais bien que Stratovarius n'est pas un petit groupe et que les Finlandais garderont toujours une certaine attractivité malgré leurs déboires, mais je pense quand même qu'ils bénéficient aussi de l'effet du manque de concerts des metalleux de la région. Quoi qu'il en soit, ça fait toujours plaisir de voir un concert de metal bien rempli. Le Bikini aurait pu être plus plein, en fait, mais l'affluence est très bonne. Par contre, je ne félicite pas les organisateurs du concert qui ont fait commencer Tracedawn, le premier groupe de l'affiche, avant l'heure d'ouverture. Sur le billet, c'était annoncé 20h30. Je suis arrivé un gros quart d'heure après et, quand Sylvie et Régine m'ont appelé pour savoir où j'étais, elles m'ont dit que le groupe avait fini et que le groupe suivant allait enchaîner de suite

Je retrouve les jumelles et on rentre pile poil au début du groupe. Le temps de prendre la première pinte d'une longue série

et on se dirige vers le milieu de la salle, où l'on retrouve Alex et Tail.
Le groupe qui joue est
MYSTIC PROPHECY, un groupe dont j'ai pas mal écouté les deux premiers albums avant de laisser un peu tomber du fait qu'ils ne se renouvelaient pas beaucoup. C'était la troisième fois que je voyais ce groupe gréco-allemand. La première fois, c'était dans le petite Loco en première partie de Death Angel, devant une cinquantaine de personnes, et la deuxième au Wacken 2004. J'avais aimé les deux fois. Le groupe était carré et bien pêchu, avec une musique taillée pour la scène. Il y a eu pas mal de changements chez eux depuis tout ce temps, avec notamment le départ de Gus G à la guitare. Son remplaçant tient bien la route et il assène des riffs puissants à souhait et des solos de bon aloi. Le groupe est carré et le chanteur bien en voix. Ils se font plaisir et font plaisir. L'accueil dont ils bénéficient est excellent et il n'y a rien à dire sur leur prestation. Seul problème: le son. Pour la première fois dans ce Bikini nouvelle version, je vois un groupe dont le son est pourri. Même Cradle Of Filth avait eu un bon son en mai dernier, c'est tout dire ! Dans le cas de Mystic Prophecy, le son de basse est complètement salopé. Ca ne gâche pas tout, parce qu'on reconnait les morceaux et ça reste bien interprété. Leur heavy metal respecte parfaitement l'orthodoxie du genre (normal avec des Grecs dedans): des riffs plombés, une batterie qui cogne sévèrement, et des refrains faciles à mémoriser du type "we kill, you die"! C'est sûr que ce n'est pas de la haute philosophie, et que ce n'est pas ce qu'il y a de plus recherché, mais c'est bien fait et toujours efficace. La seule chose que je reproche à leur musique, et qui a fait que j'avais arrêté de suivre le groupe après leur troisième album, c'est d'être un peu trop monolithique et répétitive. A signaler qu'ils ont conclu le set par une version speedée et surboostée de "Paranoid", à laquelle ils se sont cependant mélangé les pinceaux dans les paroles! En tout cas, Mystic Prophecy a fait figure de bon amuse-gueule.
Une pause relativement longue s'ensuit pendant que les roadies installent le matos de
STRATOVARIUS et effectuent les derniers réglages (ce qui semble s'imposer au vu du son merdique qu'a pu avoir Mystic Prophecy). Mais elle est passé en bonne compagnie et bien arrosée en prime

Retour dans la salle quand le groupe commence et c'est parti pour une heure et demie de Strato

Alors donc, que vaut le Stratovarius 2010 sans son membre fondateur mentalement perturbé qu'était Timo Tolkki ? Mon avis est mitigé sur le groupe en lui-même. Déjà, Timo Kotipelto n'est pas très en voix en ce moment. Il a beaucoup de mal à monter dans les aigus. Ca s'est beaucoup entendu, notamment au début sur le refrain de "Destiny". Il a réussi à stabiliser son chant au fur et à mesure du concert, mais il faisait quand même souvent des pains. Par contre, il sait toujours tenir son rôle de frontman. C'est même le seul membre du groupe à avoir une présence. Aux claviers, Jens Johansson, d'habitude assez exubérant, est plutôt effacé, et les nouveaux bassiste et guitariste sont transparents. Jörg Michael a par contre une jolie batterie dont les futs s'éclairent en bleu quand il tape dessus, ornée d'un étendard du Borussia Dortmund

On ne sent pas vraiment une grande alchimie dans le groupe. Ils ont surtout l'air d'être là pour faire leur job, et, à défaut d'y mettre de la passion, ils ne le font pas trop mal. A part les problèmes de voix du chanteur, ils sont carrés et exécutent chacun leurs parties de manière irréprochable. Enfin en même temps, j'avais bien bu donc je n'ai peut-être pas relevé tous les pains

Et comme la playlist est superbe, basée sur les standards du groupe, le concert ne peut pas être mauvais quand on a été fan de Stratovarius à un moment. Je ne suis pas sûr que j'aurais aimé s'ils avaient joué plus de titres post-"Infinite", par contre. Mais quand ils jouent des "Speed of light", "Hunting high and low", "Father Time", "Winter skies", et surtout "Paradise", c'est toujours du bonheur. Sans compter les magnifiques "Forever" et "Black diamond" en rappel! A côté de ça, les nouveaux morceaux de "Polaris" passent assez bien mais sont quand même trois tons en dessous. Pour moi, le choix des titres aurait été tout simplement parfait s'il y avait eu en prime "Against the wind"! Contrairement à la première partie, les Finlandais bénéficient d'un son limpide, comme on en a d'habitude au Bikini en principe. Stratovarius bénéficie en tout cas d'un bon accueil de la part du public toulousain. D'ailleurs, Timo Kotipelto a fait un peu de démagogie au moment d'annoncer "Paradise", qu'ils n'ont pas jouée à Paris la veille, en nous disant que c'était parce qu'on était un meilleur public que dans la capitale

). Je demande à voir quand même, mais c'est toujours de bon ton de dire ça à des sudistes
Tout ça pour dire que si ce premier concert de la décennie n'en sera certainement pas le meilleur, et que ce n'est pas non plus la meilleure prestation de Stratovarius que j'ai pu voir, j'ai quand même bien aimé ce concert et j'ai passé une excellente soirée, bien arrosée et en bonne compagnie
