Le Toulouse Metal Fest, pour sa toute première édition, proposait un plateau d'artistes assez éclectique en ce premier vendredi de juin. Eclectique mais surtout bien garni avec des groupes qui ne sont pas franchement mes préférés mais qui sont renommés et attractifs. Avec Soulfly, Epica, Paradise Lost, Cynic, Loudblast, Genitorturers, Eyeless et Gorod qui se partagent deux scènes au Phare de Tournefeuille, il y a bien de quoi attirer une population metalleuse toulousaine en mal de concerts depuis quelques temps. Certes, ces groupes sont tous passés relativement régulièrement dans la ville rose à une date récente. Le top étant pour Epica, dont c'était le troisième passage ici en un an et demi! Mais ça n'empêche qu'il y a pas mal de monde ce soir. Dans une salle du Phare qui peut contenir facilement 2000 personnes, les deux tiers sont remplis.
Cela fait un peu moins de deux ans que je suis sur Toulouse, et je n'avais pas encore eu l'occasion d'aller au Phare. C'est désormais chose faite. C'est une jolie salle, toute en longueur, qui semble être un ancien hangar avec un plafond très haut. Mais l'acoustique n'y est pas terrible et souvent les groupes auront des problèmes de son. Autre défaut: les buvettes, où il n'y a pas assez de monde et où il faut donc faire la queue pendant assez longtemps pour épancher sa soif. Bref, je préfère le Bikini.
En tout cas, ça commençait très tôt, le premier groupe investissant les planches à 17h. Le temps que je quitte le boulot, que je repasse chez moi prendre la voiture et ça m'a fait louper les trois premiers groupes. Tant pis donc pour
GOROD (qui m'a fait une bonne impression sur album),
EYELESS (ça c'est moins grave, je n'aime pas leur musique) et
LOUDBLAST, dont je verrais quand même les deux derniers morceaux. Cela n'est bien sûr pas assez pour juger de leur prestation, qui a l'air d'avoir été très bonne.
En arrivant, en tout cas, après avoir vu les derniers morceaux de Loudblast, je retrouve rapidement Piggy la citrouille et sa soeur, et on va se placer pour voir les
GENITORTURERS.
Il s'agit du groupe de David Vincent de Morbid Angel, qui tient ici la basse, et de sa femme Gen. Rien à voir avec le groupe du premier nommé, par contre, question style. Vous observerez dans un premier temps le subtil jeu de mots entre "genital", "Gen" et "torturers"

Eh oui, c'est bien le SM qui est le maître mot chez les Américains

Leur musique est un mélange subtil entre glam rock et indus, comme un croisement subtil entre Rob Zombie, Punish Yourself, Möley Crüe et Kiss: les mélodies accrocheuses des deux derniers cités

, et le côté industriel, lourd et martial des deux premiers

La chanteuse vaut à elle seule le déplacement: une jolie blonde particulièrement bien foutue (d'autant plus qu'elle n'est pas toute jeune) aux tenues extrêmement recherchées qui lui valent un énorme succès dans les milieu fetish et SM! Je suis d'ailleurs assez surpris qu'il n'y ait pas eu plus de goths ce soir, parce qu'entre Epica et le Genitorturers, il y avait largement de quoi satisfaire les corbeaux et le public sopalin

En tout cas Gen sait bien tenir une scène et mettre en valeur ses arguments visuels frappants, au milieu de deux musiciens géants (pour le guitariste, on se se demandera d'ailleurs longtemps si c'était un homme ou une femme...)

Je suis impressionné par le nombre de fois où elle a changé de tenues et d'accessoires pendant le show, le tout en un temps record
Musicalement, le début est très accrocheur, mais ça perd en intensité au fur et à mesure. C'est bien en soi, mais assez linéaire et ça ne tient pas la distance. Au final, un concert sympa en version carnaval SM, mais sans plus question musique.
On change de scène pour aller voir
CYNIC, qui revient à Toulouse un an et demi après avoir assuré la première partie d'Opeth au Bikini en novembre 2008. Je n'avais pas pu y aller à l'époque, et je connais très peu les Américains sur album. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je viens les découvrir en live, surtout connaissant la qualité des musiciens.
Leur death atmosphérique ultra-technique avec une touche jazzy est quand même assez particulier quand on ne connait pas bien, et il me faut un peu de temps pour rentrer dedans. En plus, au début, le son n'est pas top, mais ça va s'améliorer au bout de trois morceaux. Niveau visuel, c'est particulier aussi, avec des fumigènes cachant le batteur (au point que pendant la moitié du concert, je me suis demandé s'ils en avaient un!) et des projecteurs verts qui tournoyaient. Ca renforçait le côté planant de la musique de Cynic, et une fois qu'on rentre dedans, c'est vraiment bon! Et puis ce sont vraiment des musiciens d'un niveau extraordinaire avec leurs guitares aux manches coupés
Ils ne sont pas vraiment communicatifs, mais vu leur style, ça n'a pas une grande importance. Après tout, s'ils se mettaient à courir partout sur la scène en haranguant le public, ça ne collerait absolument pas

Bref, jolie prestation de Cynic
On rechange de scène (et désormais tous les concerts auront lieu sur cette scène-là) pour
PARADISE LOST. Le temps de descendre une ou deux pintes et les Anglais arrivent. C'est la troisième fois que je les vois. Depuis la dernière fois, à l'Elysée-Montmartre en 2005, je m'étais dit que je ne retournerais plus les voir. D'ailleurs, à cette époque, j'y avais été surtout parce que Orphaned Land faisait leur première partie. Et l'attitude j'en foutiste et méprisante de Nick Holmes m'avait carrément dégoûté, en plus d'une playlist sans intérêt. Mais il ne faut jamais dire plus jamais, et donc je m'y recolle cinq ans plus tard! Je n'attendais pas leur retour avec un grand enthousiasme, mais leur dernier album étant de très bonne facture et leur orientation musicale étant beaucoup plus clairement metal depuis quelques albums, on pouvait espérer que les Rosbifs soient dans un bon jour. La réponse est mitigée. Ils sont déservis par un mauvais son. "As I die" était d'ailleurs méconnaissable. En même temps, avec des claviers version new wave pour réarranger ce classique de leur première période, le résultat n'allait pas être mirifique non plus

. S'ils n'aiment plus cet hymne, c'est simple, qu'ils arrêtent de le jouer plutôt que de le massacrer ou tout du moins le dénaturer

! Par contre, pour le reste, il y a aussi du bon, avec en particulier un magnifique "Ember's fire"

et des nouveaux titres qui passent très bien en live malgré ce son plus que limite qui ne s'améliorera pas au fil du concert. Reste que l'attitude du groupe continue de m'indisposer. Ils ont fait des progrès par rapport à la dernière fois et semblent devenus plus humbles, Nick Holmes paraissant moins hautain. Par contre, les musiciens sont ultra-statiques ça manque toujours de passion et d'enthousiasme. Le groupe vient, fait son show et s'en va. Ou alors ce sont de grands timides qui n'osent pas montrer qu'ils sont contents
Bref, même s'il y a du mieux grâce à une bonne playlist, ce n'est pas encore aujourd'hui que je serais convaincu par Paradise Lost sur scène!
C'est ensuite à un autre groupe bien connu en France d'investir les lieux, en l'occurrence
EPICA. Ce sera la cinquième fois que je les vois, mais j'avais réussi à ne plus les voir depuis le Furyfest 2005

. Pourtant, entre les fois où ils sont passés à Paris, à Toulouse et à des festivals divers et variés où je me trouvais, j'aurais pu multiplier ce nombre de fois par deux au minimum! A Toulouse, par exemple, c'était leur troisième passage en un an et demi. Ils se sont rajoutés à l'affiche pour pallier au forfait de Meshuggah initialement prévu.
J'ai été agréablement surpris (eh oui, Epica arrive à surprendre

). Déjà, première chose importante à noter: Simone est beaucoup moins mise en avant! La tenue qu'elle portait ce soir-là, une robe noire certes ultra-moulante et ras la foufoune mais avec des collants noirs opaques, était assez sobre pour une fois, de même que son jeu de scène. Pour une fois, elle n'en faisait pas trop et se mettait même parfois en retrait de la scène. Le groupe donne aussi une plus grande impression d'unité et, contrairement à Paradise Lost qui passait avant, on les sent vraiment heureux de jouer et d'être là. Le groupe est carré, joue donc avec conviction et bénéficie d'un bon son et de lights magnifiques.
Je n'écouterais toujours pas sur album mais là, ça passe bien. En plus, Epica semble avoir durci le ton avec "Design your universe" (que je n'ai écouté qu'une fois rapidement), dont les extraits m'ont paru bien cartons, avec un aspect symphonique moins important, plus de voix death et des guitares plus acérées

Les titres plus anciens, interprétés de manière assez énergique, sont également très bien passés.
Bref, je peux le dire, je l'avoue: j'ai bien aimé ce concert d'Epica
Vers une heure du matin, après encore une bière ou deux, c'est au tour du dernier groupe de la soirée, la tête d'affiche:
SOULFLY. C'est simple: je n'ai jamais aimé ce groupe. Entre leur musique qui reprend les choses là où Sepultura les avait laissées avec "Roots", et l'attitude pseudo-rebelle de Max Cavalera, j'ai un peu de mal. Par contre, j'avais quand même envie de voir ce que ça donnait sur scène. Alors d'un côté, c'est carré et ça cartonne bien, et la partie la plus jeune du public a l'air de bien suivre. Il y a même eu des circle pits par moment. Mais le fait que les musiciens ne bougent absolument pas, même pas Maxou le rebelle, ça me refroidit un peu. Il y a quelques bons titres de Soulfly dans le lot, et surtout trois reprises du Sepultura de la grande époque ("Refuse/Resist", "Troops of doom" et bien sûr "Roots bloody roots")

Mais on ne regardera le concert que par intermitence. Au bout d'un moment, avec Alex et Tail, on sort prendre un verre pour ne plus retourner dans la salle à part par de furtifs aller-retours

. Quant aux jumelles, elles sont parties au bout de trois morceaux

Bref, Soulfly comme tête d'affiche, c'est pas ce qu'il y a de mieux. Enfin au moins je les ai vus!
En tout cas c'était une soirée sympa

A part pour les buvette où la queue était un peu longue alors qu'il faisait chaud, l'organisation était tout simplement parfaite, avec un timing entre les groupes suivi de manière très rigoureuse. Concernant les problèmes de son, ceux-ci étaient inhérents à la salle. Pour l'affiche, j'étais loin d'être un fan ultime de tous les groupes proposés, mais c'était éclectique et avec des groupes qui ont quand même des noms bien connus. Cette première édition du Toulouse Metal Fest est donc réussie, et j'espère qu'elle en appelle à une deuxième en 2011
