franang a écrit :avant de juger tel ou tel groupe il serait intéressant de savoir ce que l'on met derrière le terme "sataniste". Est ce un satanisme traditionnel qui vénère un ange déchu, ou est ce une plus une affirmation de soi avec un respect des forces de la nature à la Aleister Crowley, voir Anthon Lavey. Ensuite suffit il de brûler des églises et faire le clown en maquillage pour être un pseudo sataniste ? A mon humble avis quelque vrais satanistes existent dans le Metal et le B.M mais ce n'est pas là qu'il y en a le plus
Effectivement, là est la question. Pour grossir le trait, il y a deux courants philosophiques dans le satanisme: d'une part, le luciférianisme a tendance à fonctionner comme le manichéisme et ne rejette pas l'existence de Dieu mais considère que Lucifer a été injustement chassé du Paradis. Dans ce cadre, l'idée philosophique est que l'homme doit bénéficier de son libre arbitre de manière absolue sans la crainte ou l'espoir d'un châtiment ou d'une rétribution quelconque et sans qu'une puissance supérieure lui impose un canon de vertu ou de morale. D'autre part, le courant de LaVey s'inscrit dans une démarche athée voire agnostique. Il est centré sur l'homme en tant qu'individu qui doit accepter ses pulsions et ne pas se laisser contraindre par une morale d'aucune sorte; en d'autres termes le maximum de la liberté individuelle ce qui suppose l'adhésion à l'hédonisme et à la loi du talion.
Le courant dit du satanisme symbolique qui s'attache beaucoup plus à la constitution d'un culte à l'encontre de l'ensemble des systèmes de croyances et de religions est en soi paradoxal avec la philosophie "sataniste" dès lors qu'il a tendance à reproduire exactement la contrainte morale que les Lucifériens et les LaVeyiens tendent à combattre.
En ce qui concerne 99 % de groupes de Black metal, je pense qu'on peut les résumer par le terme de pseudo-satanisme: la récupération d'une imagerie choc (pentagrammes, croix renversées, tenues phantasmées des messes noires, etc.) propre à attirer les adolescents qui l'utilisent temporairement pour construire leur personnalité d'adulte, dans leur phase d'opposition à leurs parents et à la morale sociale. En cela, ils ressemblent aux scandales provoqués par les groupes de glam dans les années 80 qui se complaisaient à choquer en présentant une musique rock avec des paroles relativement machistes et une image volontairement androgyne et sexuelle, dans le cadre d'une Amérique très puritaine.