CR part 2
Après une première journée impeccable, les choses vont quelque peu se compliquer. La faute à une météo pas cool et à une organisation qui n'a pas su y faire face (ni même essayé

). Pourtant, le vendredi commence bien. Réveillé par la chaleur sous la tente, il fait beau et aucun nuage ne pointe à l'horizon. Après un petit déjeuner alcoolisé (et je recommande vivement le cocktail tequila / citron / figue de barbarie

) pour bien commencer, un petit tour à la douche et là, les premiers ennuis logistiques commencent: la douche ne fonctionne pas, seul un tout petit filet d'eau sort du pommeau

Alors que d'autres renoncent, je vais me contenter de ça et donc me savonner et me rincer avec quelques gouttes d'eau. Pour moi, en bon bobo, la douche en festival est absolument indispensable. J'ai souvent vu le slogan "Dusche ist kein Heavy Metal" (pas besoin de traduire, non ?)... Ca tombe bien, je n'écoute pas que du heavy

Enfin bref, même si ça ne fonctionne pas, je finis par en sortir propre !
Passé ce contretemps, je pose mes affaires et direction tout seul (les autres n'étaient pas prêts ou pas motivés) vers l'enceinte du festival pour une journée riche en émotions
Quand on entre dans l'enceinte de Wacken avant midi, on a l'impression que c'est blindé de monde parce que le terrain est légèrement en pente. En fait, pas du tout. On circule très aisément et on peut sans problème accéder aux premiers rangs. Sauf qu'il est hors de question que j'accède au premier rang pour
ENDSTILLE sur la Black Stage ! J'avais déjà subi ce groupe en 2009. Originaires du nord de l'Allemagne, le fait d'être du coin et la tendance des Allemands à soutenir correctement leurs groupes fait qu'ils se produisent presque chaque année à Wacken. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils aient aussi été présents au Hellfest... Les festivals ont de plus en plus tendances à se copier mutuellement, et c'est assez flagrant entre Wacken et le Hellfest, mais ce n'est pas la meilleure chose que le festival français ait pu emprunter à son homologue allemand, sachant qu'il existe des groupes de black metal français d'une qualité TRES largement supérieure

Il existe aussi des groupes allemands TRES largement meilleurs qu'Endstille à faire venir à Wacken, soit dit en passant... J'ai quand même regardé deux morceaux pour voir s'ils s'étaient améliorés. Sur scène, ils arborent des corspepaints classiques, qui dégoulinent au soleil (il n'y a toujours pas de nuages dans le ciel), ils ont l'air bien appliqués et jouent carré... Mais la musique est vraiment inintéressante au possible. C'est juste du black metal brutal de base, tellement linéaire que ça en perd toute efficacité. Plutôt que de continuer à voir ce sous-Marduk de troisième zone, je vais voir ailleurs ! Je ne suis pas déçu, je n'attendais pas autre chose en allant voir Endstille...
Changement radical de registre avec
BETONTOD sur la Party Stage ! Je passe d'un groupe de true black metal de base à un groupe de... punk rock allemand, ce qui dénote un bon goût certain

Mais j'assume ma germanophilie

J'ai entendu parler pour la première fois de ce groupe l'année dernière parce que qu'ils étaient déjà à Wacken, sur la Wet Stage. Ils sont donc de retour, cette fois sur la Party Stage. J'ai un peu de mal à comprendre qu'un groupe de punk rock puisse jouer deux années d'affilée à un festival metal, quel qu'il soit

Mais par contre, je n'ai rien contre ce style de musique et, à petite dose dans un festival, c'est sympa

J'ai beaucoup écouté de punk quand j'étais jeune, et j'aime toujours à l'occasion. Par exemple, j'avais bien pris mon pied avec The Exploited au Hellfest 2011

Le style de Betontod (dont j'avais quand même écouté un album avant le festival pour m'en faire une idée) est beaucoup plus mélodique, et chanté en allemand. Ils font des solos qui sonnent un peu heavy, en prime. On peut parfois penser à Frei.Wild, un autre groupe de ce genre habitué à jouer à Wacken et que j'apprécie d'ailleurs pas mal. En tout cas, vu le nombre de gens qui arborent des tee-shirts à leur effigie, ils ont l'air assez connus en Germanie. Il règne dans le public une ambiance bien festive, avec tous les Allemands qui reprennent en choeur leurs refrains (qui sont, il faut le dire, très faciles à retenir même dans la langue de Goethe), bras dessus bras dessous et une bière à la main

D'ailleurs, quand j'arrive, le groupe est en train de jouer une chanson qui parle beaucoup d'alcool

Onkel Tom n'a visiblement pas le monopole des chansons à boire version punk / metal en Allemagne... A côté de ça, il y a aussi des morceaux vraiment accrocheurs et qui donnent envie de headbanguer, sur lequel le public répond bien présent

Le chanteur, qui arbore une tenue absolument indescriptible, remerciera d'ailleurs à de nombreuses reprises le public metal de réserver un aussi bon accueil à un groupe de punk. En tout cas, j'ai bien aimé Betontod ! A regarder tranquillement une bière à la main, au milieu d'un public qui s'éclate, sous un soleil qui cogne, c'est bien agréable

Par contre, ce genre de groupes, c'est à faire jouer à dose homéopathique: s'il y a juste Frei.Wild et Betontod, je trouve ça cool, mais je n'ai aucune envie qu'on finisse un jour par se retrouver avec une dizaine d'autres groupes de deutschrock à l'affiche !
Je retrouve Laex et MDT en backstage et on va faire un petit tour des boutiques du Holy Wacken Land (dénomination quelque peu mégalo qui désigne le site du festival, les scènes annexes, le Biergarten, le Metalmarkt et les stands et échoppes attenant) car Thierry avait besoin d'une casquette, avec ce soleil qui continuait à cogner. Son choix se portera finalement sur une jolie casquette à l'effigie de Pentagram

Puis retour vers la True Metal Stage pour voir la fin de
SACRED REICH, dont on ne pourra pas dire grand chose: à cause d'un abus de contrôles à l'entrée (ce qui sera d'ailleurs récurrent pendant tout le festival

), il nous faut un bon quart d'heure pour rentrer. Heureusement, cette année, des écrans géants ont été mis aussi à l'extérieur du festival, ce qui nous permet de voir la prestation des Américains. C'est comme ça qu'on les verra jouer "Independant" et la reprise de "War pigs" de Black Sabbath, et on pourra finalement les voir en vrai, une fois rentrés dans l'enceinte, conclure leur set sur "Surf Nicaragua". Sacred Reich n'est pas mon groupe de thrash californien préféré, mais quand je les avais vus ici en 2007, j'avais beaucoup aimé leur prestation. Là, ça avait l'air bien aussi, avec en prime une belle playlist (en tout cas il y avait tous mes morceaux préférés du groupe)... Tant pis !
Playlist de SACRED REICH:
Death Squad
Love...Hate
Administrative Decisions
I Don't Know
One Nation
Ignorance
The American Way
Crimes Against Humanity
Who's to Blame
Independent
War Pigs
Surf Nicaragua
Par contre, on va bien se placer sur la Black Stage, où nous retrouvons Blaster, Manorhead et quelques autres, pour voir
SANCTUARY. Cette reformation me faisait bien plaisir, rien que pour revoir sur scène Warrel Dane après tous les déboires qu'a Nevermore depuis un an et demi. Je connais beaucoup moins bien Sanctuary que Nevermore, dont je suis très fan, mais je suis bien content de les voir, même amputés de Jeff Loomis. Problème: Warrel Dane ne ressemble pas à grand chose et n'est pas très en voix, même si physiquement il a l'air plutôt bien. Autre problème: le son n'est pas bon

Sur des morceaux que je connais bien comme l'excellent "Die for my sins", ça passe, mais quand ce sont des chansons que je ne connais pas trop ou pas du tout, c'est plus problématique. Au bout d'un quart d'heure, ça devient même pénible. En plus il y a un petit peu de vent qui fait tourner le son, et qui amène des nuages. Alors avec MDT, on bouge au bout de trois morceaux tandis que les autres restent jusqu'au bout...
Au même moment sur la Party Stage se produit
OOOMPH!. Thierry était assez motivé à l'idée de les voir, moi moins. Je les avais vu au Wacken 2005 et je n'avais pas aimé. Ca m'avait donné l'impression de voir des mecs déguisés en infirmiers jouer du sous-Rammstein en sautant sur scène sans rien dégager de particulier. En arrivant, j'avais un peu peur d'assister à la même chose que sept ans plus tôt. En effet, ils sont tous en blanc et ils sautent sur scène. Mais ils sont désormais en tenue de marins, et non plus d'infirmiers, et ils se sont achetés plusieurs centaines de points de charisme en plus

Ils sont tout mignons dans leurs petites marinières, mais musicalement, ça ne rigole pas ! Contre toute attente, ce concert a été une tuerie, la grosse surprise de la journée. On arrive sur le très dansant "Kleinstadtboy" et l'on constate qu'il y a une grosse ambiance dans le public

Bien sûr, les Allemands suivent bien leurs groupes, mais le concert est quand même objectivement bien bon. Les morceaux d'Oomph! joués ici sont particulièrement efficaces et taillés pour le live. Les riffs indus sont tranchants, les beats électro pulsent, avec en prime un bon son. Je ne connais pas assez la discographie des Teutons pour développer sur le choix des morceaux, en tout cas tous font mouche. Le chanteur est extrêmement communicatif, avec un bon humour bien gras. Il va même faire siffler le nom d'Angela Merkel, qu'il appelle affectueusement Angie et qui est son top model préféré

Ach ! Ach ! Ach! Je groupe joue également une chanson de marins, "Seemannsrose" (la rose du marin, ça ne s'invente pas!) qui sonnerait plutôt comme un "Yohoho une bouteille de rhum" chantée par le capitaine Haddock en allemand

Mais ça fait son petit effet, puisque des rangées entières se tiennent bras dessus bras dessous à ce rythme

Bref, c'est du tout bon ! Il va falloir que je me penche un peu sur la discographie du groupe. En tout cas, vu que des dates françaises sont au programme de leur tournée pour octobre 2012, j'invite les Parisiens, Lyonnais et Bordelais chez qui Oomph! se produira à aller les voir, même si ce ne sera évidemment pas la même ambiance qu'en Allemagne.
Playlist d''OOMPH! :
Unzerstörbar
Labyrinth
Mein Schatz
Kleinstadtboy
Träumst Du
Bis Der Spiegel Zerbricht
Mitten ins Herz
Niemand
Gott ist ein Popstar
Mein Herz
Seemannsrose
Sandmann
Augen auf!
Suite à cette belle surprise, et alors que le ciel devient vraiment très couvert, je retrouve les potes anglais de la veille au stand Captain Morgan, puis on va retrouver tout le monde devant la True Metal Stage pour voir
KAMELOT entre Froggies et Rosbifs

La dernière fois que je les ai vus, c'était ici même deux ans plus tôt, pour l'une des dernières prestations avec Roy Khan au micro. J'attends avec curiosité de voir ce que ça va donner avec leur nouveau chanteur suédois, Tomy Karevik (également chanteur de Seventh Wonder). Les extraits que j'avais pu voir sur Youtube étaient très encourageants. Et effectivement, il assure ! Il a une voix très proche de celle de son prédécesseur, des poses et un look similaire... C'est un Roy Khan blanc, quoi ! Mais il a quand même un style un tout petit peu personnel que c''est plus un changement dans la continuité qu'une tentative de vulgaire copie de celui qu'il remplace. Et puis il a l'envie, vu à quel point il se démène ! Le groupe entre sur deux titres de "Ghost opera", ce qui n'est à mon avis pas une bonne idée d'entrée en matière (il faut dire que je n'ai jamais aimé cet album). Mais avec "Center of the universe", le concert va vraiment démarrer

Problème: le petit vent d'est amène beaucoup de nuages, au point qu'on ne voit même plus de coins de ciel bleu

. Grave problème: sur "Forever", il commence à pleuvoir, et pas qu'à moitié

Au début, c'est marrant parce qu'avec la pluie, les Allemands headbanguent deux fois plus vite, alors que jusque là le soleil avait l'air de les endormir

Mais là, c'est vraiment une pluie de hallebardes qui tombe sur Wacken, avec un vent qui devient violent au point que les gouttes d'eau aillent presque à l'horizontale

Je n'avais plus vu ça à un festival depuis l'apocalyptique Wacken 2005. En plus, vu le soleil et le ciel bleu sans nuages du matin, j'avais laissé le poncho à la tente

J'avais oublié que le nord de l'Allemagne, c'est un climat océanique pur, où il fait beau plusieurs fois par jour. Et quand il pleut, si ça ne dure pas forcément longtemps, ça peut être violent... Là, ça l'est particulièrement, au point que même ceux qui sont bien couverts renoncent. On loupe donc les deux derniers titres de Kamelot pour se réfugier en backstage... où on va d'ailleurs mettre du temps à rentrer puisque la Sicherheit fouille consciencieusement les gens, et qu'on est de nombreux bobos à rebrousser ainsi chemin

A part ça, le concert de Kamelot était bien, j'aurais aimé le voir en entier mais là, ce n'était plus tenable
Playlist de KAMELOT:
Rule the World
Ghost Opera
Center of the Universe
The Human Stain
The Great Pandemonium
When the Lights are Down
Sacrimony
Forever
Karma
March of Mephisto
Cette grosse averse orageuse ne durera pas plus d'une demi-heure, mais elle causera de gros dégats. Et c'est là que j'ai des critiques sévères à formuler à l''encontre des organisateurs. Bien sûr, ils n'y sont pour rien s'il a plu. Si on veut un festival allemand garanti sans pluie, il faut l'organiser aux Baléares

Mais le climat du nord de l'Allemagne, ils le connaissent quand même. Et pour cause: ils y vivent toute l'année ! Or, rien n'a été fait pendant le festival pour remédier à cette gadoue qui a gâché une bonne partie du plaisir
Le week-end précédent, ils avaient averti sur le site officiel du festival qu'il y avait eu un orage cataclysmique avec 50 cm d'eau par mètre carré, en demandant aux festivaliers de ne pas arriver le lundi car il fallait drainer l'eau et sécher le sol pour rendre le terrain praticable. Ca a été très bien fait, et comme en plus il a fait beau dans la semaine, le sol était en bon état au début du festival. Par précaution, ils avaient même mis des copeaux de bois au niveau du Biergarten et de l'entrée.
Alors ce qu'ils ont très bien fait AVANT le festival, pourquoi ne l'ont-ils pas fait PENDANT ?

Surtout que ce n'est pas la première fois qu'ils sont confrontés au problème. En vétéran du festival (quand on en fait neuf en onze ans, je pense que le terme est approprié

), je les ai connus autrement plus réactifs et carrés. En 2005, où c'étaient les pires conditions météo que j'ai pu voir en festival, ils avaient DE SUITE ramené les tracteurs dans l'enceinte et déposé de la paille sur le sol. Même en 2002, l'année où tous leurs sponsors les avaient lâchés parce qu'ils avaient été complètement dépassés par les événements, de la paille avait été immédiatement passée. Alors cette année, alors qu'ils ont des moyens techniques et financiers dont quasiment aucun autre festival ne dispose, POURQUOI n'ont-ils pas DU TOUT déposé de paille ou de copeaux de bois sur le sol ? Le Schleswig-Holstein étant une région rurale réputée pour ses vaches laitières, je doute qu'il y ait eu une pénurie de paille ou des difficultés quelconques à l'acheminer là

. Il faut rappeler également que pendant les 360 autres jours de l'année où Wacken est juste un paisible village sans histoires, le Holy Wacken Land (

) est un champ où paissent paisiblement des troupeaux de vaches, et dont les agriculteurs qui le possèdent le louent chaque année à la société ICS pour l'organisation du Wacken Open Air. Donc de la paille, il doit y en avoir en réserve pas trop loin... Accessoirement, il y a pas mal de forêts dans les alentours, donc il doit bien y avoir quelques scieries à proximité.

En plus, si le sol était détrempé quelques jours avant, on pouvait imaginer qu'il en faudrait peu pour qu'il le soit à nouveau si Thor ou Zeus faisaient des caprices

Après 23 ans d'existence et plusieurs éditions avec des conditions climatiques similaires, voire largement pires, ils auraient pu faire face. Sur ce coup, l'inaction dont ils ont fait preuve est aussi incompréhensible qu'inadmissible.

Un Allemand avec qui je discutais me disait que c'était peut-être pour des raisons de sécurité parce qu'en 2009, une cigarette mal éteinte avait mis le feu à la paille. J'ai du mal à le croire. Déjà parce qu'il y a des pompiers présents en permanence et en nombre relativement conséquent, donc susceptibles d'intervenir très rapidement. Et puis on ne me fera pas croire que de la paille humide provoquerait un incendie tel qu'il mettrait en danger la sécurité des festivaliers. Et d'un autre côté, un terrain boueux et détrempé piétiné en permanence par 80000 personnes, ça me paraît nettement plus dangereux, potentiellement. C'est l'idéal pour se casser une jambe, voire se faire piétiner dans un cas vraiment extrême. Alors qu'est-ce que cela aurait coûté de mettre quelque chose pour absorber la boue ? De la paille, du sable, des copeaux de bois, des graviers, peu importe, mais au moins prendre une mesure !Si c'est une question de prix, c'est vraiment faire des économies de bouts de ficelles sur le dos des festivaliers
J'aurais bien aimé aller un peu au Wackinger Village, l'espace médiéval que dont j'ai toujours apprécié la convivialité du Biergarten et la déco vraiment sympa. J'aurais bien aimé aussi voir l'espace Thrash Of The Titans (une nouveauté de cette année), le pendant futuriste du Wackinger où étaient donnés de nombreux spectacles pyrotechniques. Mais vu l'état du sol, c'était un parcours du combattant pour y aller donc je me suis abstenu. Les quelques fois où j'ai voulu aller à des concerts à la WET Stage, c'était également la croix et la bannière: cette scène couverte a été doublée, mais mise à l'extérieur de l'enceinte (ce qui a comme gros avantage de grandement faciliter la circulation) et pas tout près
A chaque festival que j'ai pu faire, il y a toujours eu une majorité de points positifs et quelques points négatifs plus ou moins gros. C'est le cas aussi pour ce Wacken 2012... Mais à Wacken, jusque là, les organisateurs ne m'avaient jamais déçu, et ça fait vraiment ch...

Jusque là, je les avais toujours défendus. Mais sur la gestion des intempéries, ils sont indéfendables
La pluie ne dure pas, mais elle a été très violente. D'après ce que j'ai pu lire plus tard après le festival, il serait tombé 20 centimètres d'eau par mètre carré, ce qui fait beaucoup. On peut donc aller voir
OVERKILL sur la Black Stage en marchant sur un terrain détrempé. Blaster est chaud comme les braises à l'idée d'aller voir un de ses groupes préférés, avec en prime Manorhead pour accompagner

, et il va jusqu'à se mettre torse nu alors que la température a quand même bien chuté
N'empêche que quand on sort de notre tanière de bobos où on était quand même bien abrités, le Holy Wacken Land ressemble à un champ de ruine, dégageant en prime un doux parfum de purin mélangé à des odeurs de pisse et de bière

Sur ce point, le Gasp a tout à fait raison de parler de Wacken de meeeeerde ! Bon, les scènes et tous les points bouffe et boissons sont toujours bien en place, ce qui est le plus important, mais le sol est dans un état indescriptible. Gros avantage: la plupart des festivaliers sont partis se réfugier à l'abri à l'extérieur, ce qui fait qu'on circule dans l'enceinte aussi bien qu'au début des années 2000 quand il y avait dans les 30000 personnes qui venaient à Wacken. Enfin du moins on ne se marche pas sur les pieds, parce que pour avancer dans cette gadoue, il faut être bien motivé ! Mais un concert d'Overkill, justement, c'est une bonne source de motivation

J'écoute peu ce groupe sur album, mais c'est impossible d'être déçu par une de leurs prestations scéniques. D'ailleurs en 2010, malgré les demandes des organisateurs de ne pas faire de circle pits ni de walls of death, Overkill était l'un des rares groupes sur lesquels il y en a eu à foison

Ils sont là depuis près de trente ans avec une motivation toujours intacte et un grand respect pour leurs fans

En plus, leur dernier album, "The electric age", est excellent, tout comme son prédécesseur "Ironbound" sorti deux ans plus tôt. Depuis qu'ils sont chez Nuclear Blast, ils semblent connaître une seconde jeunesse et on ne va pas s'en plaindre.
Alors ce ne sont pas les meilleures conditions pour apprécier un concert d'Overkill (ou d'un autre groupe, d'ailleurs). Quelques fous furieux se sont amusés à faire des circle pits et à se vautrer dans la boue, mais ce n'est pas trop mon truc

. J'adore ça, mais sur un terrain stable et sec

L'assistance est assez clairsemée, mais ça n'entame pas l'envie et la bonne humeur du groupe. Bobby Blitz est toujours aussi impressionnant physiquement: un grand corps très sec mais tout en muscles, et pas vraiment le genre de mec qu'on va emmerder. Mais il a toujours le sourire et fait preuve de respect et de gentillesse en permanence à l'égard des fans. Pour preuve de sa gentillesse: une playlist en béton avec une énergie phénoménale dégagée sur scène, et toujours quelques mots agréables pour ceux qui sont restés braver les intempéries. Le dernier album n'est pas oublié par rapport aux classiques, mais en quantité raisonnable... Et comme c'est de toute façon un très bon album, ce n'est pas un problème

Après ça, des hits comme "Elimination", "Hello from the gutter", "Rotten to the core" et "Fuck you"', ça me fait toujours jouir

Et j'aime également beaucoup le très fun et punkisant "Ols school"

Seul regret: à cause de la météo et de l'état du terrain, il était très hasardeux d'essayer de pogoter ou de faire des circle pit. Sur ces brûlots de thrash, et surtout au vu de l'énergie qu'Overkill dégage sur scène, j'aurais bien fait quelques charges... Par contre, j'ai beaucoup headbangué aux côtés d'un Blaster en chaleur

J'espère bien revoir les New-Yorkais dans des conditions plus favorables. Excellente prestation de leur part, quoi qu'il en soit
Playlilst d'OVERKILL:
Come and Get It
Bring Me the Night
Elimination
Wrecking Crew
Electric Rattlesnake
Hello From the Gutter
Ironbound
Save Yourself
Old School
In Union We Stand
Rotten to the Core
Fuck You
Après Overkill, c'est Boss Hoss, un groupe de... country qui se produit sur la True Metal Stage

Il aurait fait beau, j'aurais peut-être regardé de loin, une bière à la main, par curiosité pour voir ce qui justifiait la présence de ce genre de groupe à un festival de metal. Mais là, no way

Et une pause d'une heure pour reposer les pieds, ça ne fait pas de mal ! Ensuite, direction la Party Stage pour voir
CORONER ! Je trouve assez étrange que ce groupe au statut culte ne joue pas sur l'une des scènes principales. En plus, ils jouent en même temps qu'Opeth sur la Black Stage, alors que ces deux groupes peuvent toucher un public similaire. Il n'y a pas eu trop d'erreurs dans le running order cette année, mais celle-là en fait partie. Après ça, j'aime bien ces groupes mais ils ne sont pas essentiels pour moi non plus, d'autant que je trouve le dernier album d'Opeth est chiant à mourir !
Malheureusement, la pluie reprend peu avant le début du concert

Beaucoup moins violemment, mais il n'y en avait pas besoin après ce qu'on venait de prendre... Par contre on arrive facilement au premier rang, et nous verrons donc le concert des Suisses à la barrière, comme de vraies groupies

Ce concert de Coroner, c'est tout l'opposé de ce que j'avais vu l'année dernière au Hellfest: à Clisson en 2011, ils jouaient de nuit, clôturant la journée du samedi sur une des deux Main Stages, avec un super lightshow mais une prestation très froide et clinique ; à ce Wacken, ils jouent de jour sur une scène intermédiaire, sans effets visuels particuliers, mais ils sont bien plus chaleureux et proches du public. Ils ne communiquent pas énormément, mais ils ont le sourire et sont manifestement contents d'être là. Ils mettent également plus de conviction et de motivation qu'au Hellfest 2011. Après, leurs compos ultra-techniques ne prêtent pas forcément à des délires festifs farandolesques ou à des circle pits géants

A la base, leur thrash technique est assez froid et en plus, en basant leur playlist sur l'album "Grin", qui est le plus hermétique, Coroner n'a clairement pas cherché à faire dans la facilité. Mais musicalement, ces trois musiciens sont des tueurs, personne ne pourra le contester

Et au premier rang, on peut les admirer jouer ! En plus, la pluie finit par se calmer. Il ne pleuvra plus du tout de la journée, mais le mal est fait. Enfin bref... Ca n'a en tout cas pas du tout gâché le concert. Je regrette quand même que Coroner n'ait pas joué "Reborn through hate" et d'autres morceaux un peu plus immédiats et faits pour le live. Dans ce registre, il n'y a eu que "Masked jackal", sinon pour le reste c'étaient des titres vraiment très techniques et pas immédiatement accrocheurs. Ca n'a pas empêché que c'était très bon, il faut surtout rentrer dans leur trip. J'ai en tout cas largement préféré ce concert-là à celui que Coroner avait donné au Hellfest.
Playlist de CORONER:
Golden Cashmere Sleeper, Part 1
(Intro only)
Internal Conflicts
Serpent Moves
Masked Jackal
Status: Still Thinking
Metamorphosis
The Lethargic Age
Semtex Revolution
Divine Step (Conspectu Mortis)
Grin (Nails Hurt)
Après cette deuxième salve de pluie, on constate que le sol est un mélange de boue et de liquide

Certaines flaques sont énormes et font plusieurs mètres de large... On ne s'est pas amusés à tester leur profondeur, par contre on trouvait de ci de là des Allemands bourrés qui s'éclataient à se vautrer dedans

Vu que c'est
HAMMERFALL qui s'apprête à passer sur la True Metal Stage, c'est le bon moment pour aller se poser un peu, boire et manger, avant d'assister à la suite des hostilités en matière de live. Hammerfall fait partie des premiers groupes à avoir été annoncés à ce Wacken, avec un show spécial quinze ans du groupe au programme. S'ils avaient annoncé qu'ils joueraient l'intégralité de "Glory to the Brave" et de "Legacy of kings", ça m'aurait tenté. Mais ce n'était pas le cas et la suite de leur discographie m'enthousiasme beaucoup moins. On passe rarement de mauvais moments à un concert de Hammerfall, parce que c'est bien fun et ce sont de bons musiciens qui savent tenir une scène. Mais en même temps, je les ai déjà vus sept fois et je n'étais pas bourré (mes meilleurs concerts de Hammerfall, je les ai faits complètement torché

) ! Après avoir bu, mangé et séché, on va quand même voir la fin, surtout qu'en plus, maintenant, c'est le grand ciel bleu. On arrive sur "Let the hammer fall", enchaîné sur "One more time" et "Hearts of fire". Bah c'est du Hammerfall classique, ni plus ni moins. Pour un show spécial quinze ans, je ne vois pas trop ce qu'il y a de particulier. Au début des années 2000, un concert de Hammerfall avait un côté grandiloquent et kitschissime qui leur donnait un certain charme, avec les ponts levis, les tenues ridicules d'Oscar... Ils auraient pu refaire ça pour l'occasion, quand même, surtout que les Suédois sont bien placés sur l'affiche. Par contre Joacim a annoncé que Hammerfall ferait un break à la fin de cette tournée jusqu'en 2014. Je pense que ça ne leur fera pas de mal...
Mais en fait, si on était là pour la fin de Hammerfall, c'était surtout pour être bien placé pour un vrai concert spécial, et qui va tenir toutes ses promesses:
DIMMU BORGIR 
! Mais pas n'importe quel concert de Dimmu Borgir: les Norvégiens se produisent avec l'orchestre national tchèque. Ils l'avaient tenté une fois en salle l'année dernière à Oslo, mais c'est la première fois qu'ils le font dans un festival en plein air. Le résultat s'avère énormissime. Pas loin de 90 choristes et musiciens classiques accompagnent le groupe. La force émotionnelle de leur musique est multipliée par cent

Même si de notre côté la basse est un peu trop saturée, le son est bon et on entend distinctement aussi bien les parties orchestrales que les parties metal. Ce type de mélange est particulièrement difficile à reproduire techniquement, surtout en open air, car il y a toujours le risque que tel ou tel instrument soit écrasé par les autres. Là, tout a été réalisé à la perfection. L'aspect symphonique a toujours été important chez Dimmu Borgir. Avec des claviers et des samples, ça le fait déjà bien mais alors avec un véritable orchestre dans de bonnes conditions, on touche au sublime

Ca commence comme "Abrahadabra", le dernier album, avec "Born treacherous" et "Gateway", sur lequel la chanteuse de Djerv vient pousser la chansonnette. C'est elle qui assure les quelques parties de chant féminin de l'album, et son groupe étant aussi à l'affiche de Wacken, l'occasion fait le larron ! Ensuite, "Dimmu Borgir" (la chanson) est jouée en double, d'abord en version instrumentale symphonique (qui fait une longue intro, en quelque sorte...) puis en version metal doublée de l'orchestre. C'est juste énorme !!!

En fait, les six premiers morceaux plus l'intro sont des extraits d'"Abrahadabra". Après, c'est du best of jouissif, même si Dimmu aurait pu jouer d'autres titres qui auraient très bien rendu en version orchestrale. L'enchaînement du milieu du show, avec en particulier le fabuleux instrumental "Eradication instinct defined" suivi de "Vredesbyrd" est juste parfait

Mais je trouve personnellement que le titre qui a le mieux rendu, c'était "Puritania". C'est un morceau indus, complètement à part dans la discographie de Dimmu Borgir, et y ajouter des vraies parties orchestrales lui donne une une puissance phénoménale et un aspect majestueux. C'est complètement trippant ! A signaler par ailleurs que toutes les parties de chant clair chantées par ICS Vortex sur album sont reprises exclusivement par les choristes. Le concert se terminera sur "Mourning palace". Quand celui-ci se termine, au bout d'une heure et demie de concert, j'avais l'impression que ça ne faisait que cinq minutes que ça avait commencé tellement c'était envoûtant. C'est typiquement le genre de concert qui fait que je ne regretterais jamais d'être venu à ce Wacken. C'est le genre d'exclusivités que l'on pourra difficilement trouver ailleurs

Bon allez, une petite nuance quand même: il aurait fallu plus de morceaux d'"Enthroned darkness triumphant" tels que "Spellbound" et "In death's embrace", qui me semblent totalement taillés pour une version orchestrale !
Playlist de DIMMU BORGIR:
Xibir (Orchestra & Choir only)
Born Treacherous
Gateways
Dimmu Borgir
Chess With the Abyss
Ritualist
A Jewel Traced Through Coal
Eradication Instincts Defined (Orchestra & Choir only)
Vredesbyrd
Progenies of the Great Apocalypse
The Serpentine Offering
Fear and Wonder (Orchestra & Choir only)
Kings of the Carnival Creation
Puritania
Mourning Palace
Perfection or Vanity (Orchestra & Choir only)
Après ce concert d'anthologie, qui est vraiment l'un des meilleurs du festival, ni Laex, ni MDT ni moi ne sommes motivés pour aller voir In Flames. On sait bien que ce sera forcément bon, que ce sont des bêtes de scène et qu'il y aura lightshow et pyros à gogo. Mais leur orientation musicale actuelle, non! Donc on zappe. A la place, nous allons voir
AURA NOIR sous la Wet Stage. Ce groupe norvégien pratique un black/thrash assez efficace, du moins sur album. Leur dernier en date, "Out to die", est vraiment sympa

Par contre en live, ça va s'avérer être très chiant

Qu'est-ce que c'est linéaire

Tous leurs morceaux paraissent interchangeables. Alors que sur album, c'est pas mal du tout avec quelques bonnes mélodies et des riffs très accrocheurs, là il n'y a vraiment rien qui ressort. Aura Noir pourrait échanger des morceaux avec Endstille qu'on ne verrait pas la différence

Bref, au bout d'un quart d'heure, raus !
Je profite du passage à la Wet Stage pour dire quelques mots sur cette nouvelle configuration. Afin d'optimiser l'espace du site principal et permettre ainsi une meilleure circulation, la Wet Stage, qui était auparavant une tente sous laquelle se produisaient des groupes de moindre importance, a été placée à l'extérieur... Mais pas à l'extérieur juste à côté de l'enceinte, sinon ce ne serait pas drôle ! Pourquoi faire simple quand on peut compliquer la vie des gens ?

La Wet Stage est désormais à dix minutes de marche des scènes principales, ce qui s'avère particulièrement pénible quand on doit traverser un terrain boueux et ravagé

Et en prime, on a droit à des contrôles à l'entrée

On pourra dire qu'au moins, la Sicherheit n'a pas chômé

Enfin au moins, ils étaient plutôt sympas dans l'ensemble. Mais vu qu'ils appliquaient méthodiquement les ordres, en bons Allemands, les fouilles de chaque festivalier et de chaque sac pour voir s'il n'y a pas d'objet coupant, contondant ou de verre, c'est un peu lourd, surtout quand il n'y a qu'une seule entrée

C'est qu'il y a des concerts à voir, à l'intérieur ! Bon là, louper les cinq premières minutes d'Aura Noir, je ne cache pas que ça ne m'a pas traumatisé...
Cette configuration n'a pas que de mauvais côtés, cependant. La capacité de la Wet Stage a doublé. Il y a désormais deux scènes, la Wet Stage proprement dite et sa jumelle, la Headbanger Stage, sur le modèle des deux scènes principales. Elles bénéficient aussi d'écrans géants, qui doivent faire à peu près la taille de ceux du Hellfest (c'est à dire la moitié de ceux des scènes principales et de la Party Stage). Entre les deux scènes, on trouve un terrain de catch, sur lequel il y a des spectacles sur fond de metal entre deux concerts. Ces spectacles de catch existaient déjà, depuis 2009, mais je n'avais jamais eu la curiosité d'y jeter un oeil. Je dois dire que c'est plutôt sympa et surtout, c'est bien marrant

Et côté déco, ils ont assuré aussi

. Je les soupçonne quand même de s'être un peu beaucoup inspiré du Hellfest, qui a toujours été au top en la matière

. Les deux scènes sont sous un énorme chapiteau, qui serait le plus gros d'Europe (en même temps, c'est ce que le Hellfest avait dit pour sa nouvelle Valley Tent...), avec des motifs futuristes et post-apocalyptiques de toute beauté. Bref, c'est assez classe, il y a pas mal de bonnes idées, mais mettre ça aussi loin de l'enceinte, c'est vraiment de la connerie pure. Peut-être que cela aurait été différent s'il y avait eu un sol sec, mais marcher dix minutes dans la boue pour changer de scène et en plus se refaire contrôler à l'entrée, ça a un effet plutôt dissuasif

Je serais favorable au fait de conserver cette configuration à l'avenir, mais il faudrait que le chapiteau soit attenant au site principal. Là, ça pourrait le faire...
Et qu'ils arrêtent aussi cette manie de multiplier les contrôles, c'est complètement inutile
C'est pas tout mais il faut revenir dans l'enceinte car
IN EXTREMO s'y produit sur la Black Stage

Mes deux collègues ne sont plus très motivés, mais moi j'ai vraiment envie de les revoir. C'est donc parti pour un nouveau périple dans la boue

On arrive à se placer plutôt bien, et l'on peut constater que les Allemands ont beaucoup de succès dans leur pays. Et pour cause: leur dernier album, "Sterneneisen", a été classé numéro 1 dans les charts germaniques. Pourtant, c'est très loin d'être le meilleur album qu'In Extremo ait pu faire. Je dirais même que c'est le moins bon. Je suis bien fan du groupe mais là, sans que ce soit foncièrement mauvais, il n'y a pas grand chose qui m'ait vraiment accroché. Ce qui est bien le problème du concert de ce soir... Chaque fois que j'ai vu In Extremo, j'ai adoré ! Et j'avais en plus de bons retours de la part de ceux qui les avaient vus au Hellfest cette année. Donc je m'attendais à une nouvelle tuerie. A la place, on a eu droit à un concert de promo pour leur dernier album. Sur seize chansons, six sont extraites de "Sterneneisen" et trois de son prédécesseur, "Sängerkrieg". J'aime bien ce dernier, mais il marque une évolution vers un style plus lisse, moins marqué folk et plus orienté en direction des amateurs de pop et de metal moderne. Mais il contenait bon nombre de bonnes chansons. Son successeur est sa suite logique, encore plus commercial, avec les cornemuses encore moins en avant, mais surtout sans vrai hit. Quand ça commence sur "Sterneneisen" (la chanson), ça ne me pose pas de problème, ça n'a rien d'anormal. Et puis j'aime bien "Frei zu sein", le tube de l'album précédent. Après un morceau assez fade comme "Zigeunerskat", c'est une excellente idée de mettre le classique "Herr Mannelig", qui me réveille

Par contre, après ça, les chansons pas mal mais sans plus s'enchaînent. Laex et MDT en ont marre et retournent à la Wet Stage, moi je resterais jusqu'au bout. Ils finissent pas mettre "Spielmannfluch" qui me remet bien dans le concert

Puis les morceaux qui vont suivre vont alterner entre le bon et le très bon. Un moment fort, notamment, avec le refrain de "Vollmond" (morceau de circonstance, puisque c'était la pleine lune!) repris en choeur par tout le public

, ou le final sur le très festif "Villeman og Magnhild". Bref, la playlist n'est qu'à moitié (voire au tiers) à mon goût. Par contre, le public est à fond. Ca reprend les refrains en choeur, ça chante et ça danse même dans la boue (et ça éclabousse de partout!), bref c'est un bon public allemand qui soutient bien son groupe

Concernant la prestation proprement dite, In Extremo est un groupe extrêmement pro. C'est ultra-carré et précis, il n'y a pas un poil qui dépasse. Der Letzte Einhorn (Michael Rhein dans le civil) sait tenir une scène et se montrer communicatif. En plus il y a un super son et un lightshow énorme. Mais comme sur le dernier album, les cornemuses et les instruments folk ne sont plus aussi mis en avant qu'avant. Le côté festif est moins présent, et je le regrette

En fait, In Extremo tend à devenir une sorte de sous-Rammstein saupoudré de doses de folk. Bref, je trouve que le groupe est en train de perdre sa personnalité

Mais apparemment, ils ont raison de faire comme ça puisque le succès est au rendez-vous. Pour ma part, l'avis est mitigé. J'ai aimé l'ambiance, le lightshow (j'aurais préféré des spectacles médiévaux comme avant), mais pas trop la playlist. Le groupe a assuré, on ne peut pas lui reprocher le contraire, mais je n'adhère pas trop à cette évolution. J'espère me tromper pour l'avenir...
Playlist d'IN EXTREMO:
Sterneneisen
Frei zu sein
Zigeunerskat
Herr Mannelig
Sängerkrieg
Flaschenpost
Unsichtbar
Zauberspruch No. VII
Spielmannsfluch
Omnia Sol Temperat
Siehst du das Licht
Viva La Vida
Küss mich
Vollmond
Rasend Herz
Villeman Og Magnhild
Après ça, je passe directement à la True Metal Stage pour y regarder le dernier concert de la journée, en l'occurrence
D-A-D. Laex et MDT les avaient vus au Hellfest, où ils jouaient quarante minutes sans show particulier, et n'étaient donc pas motivés pour les revoir. Moi je les avais découverts au Wacken 2009, en plein jour, et je n'avais pas accroché plus que ça malgré un côté bien fun et un art consommé de faire le show de la part de ces quatre Danois. Mais à l'époque je ne connaissais pas du tout alors que là, j'ai vraiment adoré leur dernier album, "Dic-Nii-Lan-Daft-Erd-Ark" (à vos souhaits

). Je vais donc me faire un petit plaisir en solitaire pour conclure cette journée riche en émotions... et en fait non, pas en solitaire puisque je reçois un SMS de Gauxe me disant qu'elle est sur la droite de la scène plutôt devant. Je finis par la retrouver avec un de ses potes allemands, et on va donc se faire ensemble un concert d'anthologie complètement inattendu

Alors si, d'après ce qu'on m'a dit, le concert de D-A-D au Hellfest était sympa mais n'avait rien de particulier, ni effets spéciaux, ni jeu de scène ni temps de jeu suffisant, bah c'est là qu'on voit la différence qu'il reste entre Wacken et le Hellfest: les moyens mis à la disposition des groupes ! C'est peut-être aussi dû à la différence de popularité du groupe entre la France et l'Allemagne, aussi... Pourtant, il n'y a pas énormément de monde pour les regarder. Entre l'heure tardive (2h du matin) et l'état catastrophique du sol, ça fait beaucoup de fatigue accumulée dans la journée, et on peut comprendre que beaucoup aient baissé le pavillon. Ils ont vraiment loupé quelque chose. Ce sont donc à peine 10000 personnes qui sont massées devant la scène, ce qui est bien en soi, mais c'est seulement un septième des festivaliers, et ça fait assez clairsemé. Par contre, les curieux comme moi ne sont pas nombreux: la plupart des gens présents sont de vrais fans. Seuls les meilleurs restent, quoi

Ceux qui n'y étaient pas ont en tout cas manqué quelque chose de mémorable (j'ai l'impression de radoter, là

).
Le groupe investit la scène sur "A new age moving in", la chanson qui ouvre leur nouvel album avec des riffs bien graisseux. Ca en fait au moins une que je connais (je ne connais que cet album, en fait!)

Mais après ça, finalement, peu importe que je connaisse les morceaux ou non. Ils sont tous immédiatement accrocheurs, faciles à mémoriser, et le public est tellement à fond que ça en est contagieux

C'est du hard rock mélodique et pêchu de grande classe, avec des musiciens délirants tout en étant très doués. Le chanteur parle très bien allemand et fait pas mal de blagues foireuses dans la langue de Goethe, du style "il y a de jolis oiseaux ici... Et comment font les oiseaux à Wacken? Ils font GRU-GRU-GRU !"

Oui c'est du grand n'importe quoi, mais ça me fait rire

Le bassiste est également assez terrible avec ses instruments, qu'il alternera d'un morceau à l'autre: une basse transparente, une basse en forme de fusée et une autre en forme de tête de guitare géante

Ils bougent énormément sur scène, tout en étant bien carrés, et bénéficient d'un son cristallin. En plus de ça, ils ont un lightshow plus qu'impressionnant, ainsi que des pyros du plus bel effet. D-A-D bénéficie des mêmes moyens qu'une tête d'affiche, et le groupe les utilise à la perfection, alliant grand spectacle et auto-dérision

On en prend autant plein les yeux autant que plein les oreilles. Même les solos ne sont pas chiants ! A la guitare sur "Grow or pay", c'est plutôt bien senti, ça reste rock'n'roll dans l'esprit, et le solo de batterie sur "I want what she's got" se fait en mode Tommy Lee dans les 80's: le batteur s'attache à son siège avec des bretelles comme dans une montagne russe, et fait pivoter sa batterie à 90° à la verticale, tout en continuant à jouer sans faire la moindre fausse note

C'est assez impressionnant à voir. Le concert se terminera sur "Sleeping my day away", que je ne connaissais pas mais dont j'ai fini par hurler le refrain au bout d'une minute ou deux

Mais ça m'a fait halluciner comme le public connaissait par coeur toutes les paroles de chaque chanson. Ce n'est pas la première fois que je vois ça à Wacken, mais pour un groupe comme D-A-D, que je ne connais que très peu et dont la renommée en France est assez confidentielle, ça me surprend quand même que ce soit à ce point. En tout cas c'est beau, Disneyland dans le noir
C'est la belle surprise du jour, qui vient conclure cette journée pour le moins chargée (dans le bon sens comme dans le mauvais) de la plus belle des façon
Playlist de D-A-D:
A New Age Moving In
Jihad
Isn't That Wild
Everything Glows
Reconstrucdead
Grow or Pay (with guitar solo)
Monster Philosophy
I Want What She's Got (with drum solo)
Bad Craziness
Sleeping My Day Away
Après cette claque monumentale administrée par les Danois, on discute un peu avec Gauxe et son pote puis je repars en backstage, où je ne retrouve pas Laex et MDT, par contre je tombe sur Chrys et surtout Blaster et Manorhead bien imbibés au mojito et au sex on the beach

S'ensuivra une longue discussion avec Manorhead sur les grosses Allemandes moches (avec des secrets que je ne dois pas dévoiler

) et sur le cinéma d'arts et d'essai, domaine dans lequel il possède une culture aussi énorme qu'en matière de saucisses et de metal

Puis quand vient l'aube, il est temps d'aller se coucher, en espérant que, comme les années précédentes où la météo n'avait pas été favorable, le nécessaire soit fait sur pour rendre le terrain praticable. Je suis encore naïf, des fois...
Cette journée du vendredi est la plus difficile du festival. C'est là où il y a eu toutes les intempéries qui ont foutu l'orga en l'air, sans que les responsables ne se soient préoccupés d'y remédier. Mais question concerts, on a quand même eu un bon lot de satisfactions et peu de vraies déceptions (pour In Extremo, c'est surtout l'évolution du groupe qui ne me plait pas trop, mais leur prestation en elle-même n'était pas mauvaise en soi, et je ne connaissais pas suffisamment Aura Noir pour parler de déception). L'ambiance était également au rendez-vous. Donc même si les conditions étaient dures, c'était bon quand même !
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