Tout le monde étant désormais au courant du contenu du tant vanté "programme" de ce qui,
sur le papier, s'annonçait pourtant alléchant, je suis même pas certain que mon intervention soit pertinente, l'essentiel de cette pathétique
première se résumant aux seules 21 lignes postées par Yacine.
Sachez simplement que ce qui suit respire et transpire tant la colère qu'il est préférable que les courageux qui voudront bien se fader mon ramassis de doléances à chaud aient bien conscience qu'ils n'y trouveront aucune "
merry melody inside".
Vous voilà prévenus.
Ce que disait Mout Mout au sujet du H.M.V. Forum s'est vérifié, et si par "super cool" il entendait qu'on s'y sent autant au frais à l'intérieur qu'à l'extérieur, alors oui, c'est certain elle l'est.
...Mais c'est bien tout ce qu'elle a pour elle.
Pour resituer le contexte, permettez moi une petite mise en situation, qui vous fera comprendre à quel point cette journée augurait déjà du fiasco intégral le plus misérable qui soit dès le départ :
Ce n'est un secret pour personne, embarquer dans l'Eurostar depuis la Gare du Nord à Paris implique de se présenter une demi-heure à l'avance afin de pouvoir mener en bonne et due forme toute les procédures d'enregistrement, vérification de la paperasse, fouille au corps et je vous en passe et des fadasses.
Jusqu'alors, j'avais toujours procédé de la sorte, et ce sans encombre.
Sauf qu'en cette heure de pointe du Vendredi 21 Septembre (Eurostar de 14h45, inutile de dire que ça abondait aux guichets), ces demeurés des douanes anglaises n'ont rien trouvé de plus brillant, eux qui sont pourtant déjà suffisamment incompétents et en sous-effectif le reste du temps, que de puiser dans les tréfonds les plus confinés de leur bêtise et de tirer au flanc plus que de raison, sans parler de leur inefficacité totale et leur lenteur léthargique à réagir.
À raison d'un pèquenaud par poste sur cinq, vous imaginerez aisément que ça volait largement en-dessous du seuil du minimum syndical.
Même écueil à la fouille où ces guignols semblaient prendre un malin plaisir à rechigner à la tâche, ce qui me pousse encore à cavaler comme un dératé pour une énième fois cette semaine (comme si je passais pas déjà suffisamment ma vie à ça en ce moment, ça devient franchement pénible) pour constater que les portes d'embarquement sont déjà scellées, tandis que le train est toujours bien à quai.
"Désolé monsieur c'est trop tard, il fallait vous présenter avant."
Et ma main dans la gueule je te la présente quand ?
Et voilà comment une bonne trentaine de passagers en règle se retrouve dans l'incapacité technique de monter à bord d'un Eurostar qui ne partira pourtant que 5 minutes plus tard.
Je vous l'abrège :
Par chance, j'ai pu être replacé sans frais sur le train suivant (une demi-heure plus tard seulement, y a pire) en 1ère classe, avec champagne, repas et bouteille de Sauvignon à la clé.
Manquait plus que W.A.S.P. Mark I me fasse un concert privé dans la cabine et c'était le pied.
Comment ? C'est pas prévu au programme ?
Tant pis.
Quelques formalités logistiques plus tard, direction le H.M.V. Forum, légèrement au Nord-Est du mythique quartier Londonien de Camden, approximativement à 20 minutes de marche depuis la station de
tube Camden Town.
Facile à trouver, la salle l'est assurément.
Rigoureuse sur les horaires, elle l'est nettement moins.
J'arrive sur les lieux à 18h30, pensant naïvement anticiper l'ouverture des portes, le billet, le site de la salle et un message de rappel de la billetterie reçu quelques jours auparavant indiquant tous très clairement 19h.
In fine, on nous fera gentiment patienter une bonne plombe sous une pluie battante qui semblait avoir précisément attendu que notre troupe de chevelus se soit agglutinée le long des parois de la salle pour commencer à ruisseler déjà dans les rues Londoniennes.
Du jamais vu.
Mais évidemment le pire reste à venir.
Le constat de Mout Mout, à savoir "C'est l'Angleterre... T'es au balcon, tu restes au balcon..." s'est bien vérifié, et c'est pas faute d'avoir tenté de resquiller à l'entrée, puis de négocier diplomatiquement avec les gars de la sécurité postés aux escaliers menant des balcons à la fosse.
Car en plus des grosses brutes habituelles tirées aux quatre épingles, des rambardes installées à même le hall d'entrée de la salle font en sorte que les préposés aux balcons et à la fosse ne puissent pas se côtoyer directement au point d'intervertir leurs places.
Le vice est même poussé au point de mettre à disposition des bars et toilettes spécifiques aux deux catégories.
Jusque là, rien d'anormal me direz-vous, après tout je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si je m'y suis pris trop tard, c'est-à-dire m'être décidé une fois tous les billets pour la fosse vendus ; d'autant plus que si l'on laisse le premier venu passer d'une catégorie à l'autre, c'est la porte ouverte à toutes les conneries, sans compter que les vigiles ne font après tout que leur boulot.
Fallait prendre mon billet dès que la tournée avait été annoncée (à savoir un an auparavant), et c'est tout.
Certes, c'est imparable.
Ce que l'on ne m'avait pas dit en revanche, c'est que, contrairement à ce qu'indiquaient Ticketmaster et mon billet, les bordures des balcons ne sont absolument pas prévues pour accueillir une assistance
debout, seules des rangées de banquettes (sans dossier, donc) concentriques s'étendant à perte de vue.
Or je
DÉTESTE passer un concert assis.
Je trouve ça tellement abrutissant qu'à chaque fois, j'ai l'impression d'y perdre mes neurones en quantités astronomiques, de m'atrophier, prendre 60 balais dans la vue, ça m'énerve au plus haut point, me rend fâcheusement misanthrope, et à la lisière de me coller la gerbe.
À vrai dire, j'ai même jamais compris qu'on puisse faire payer au moins aussi cher pour être mal assis, réduit à l'état larvaire le plus primaire, rendu "
comfortably numb" dans ce qui s'avère n'être, en l'occurrence, qu'un foutu bloc de velours vide de sens et de vivacité, une symbolique de l'absurdité en puissance, un archétype de l'oisiveté moderne puante et suffisante, ou encore une des pires inepties qui puisse exister dans l'histoire de LEROCK et LEMETAL réunis.
Mais passons.
Je vais donc me fader l'intégralité du concert du haut du coin gauche de la première rangée desdits balcons, avec une vue surplombante irréprochable, mais une qualité d'appréciation objective somme toute merdique.
On nous fera de nouveau poireauter une bonne demi-heure avant que la première partie n'investisse finalement les lieux, en la personne du jeune quintette de
Heavy /
Thrash de Sheffield de
CRIMES OF PASSION.
Pas désagréables, les jeunots nous exécutent un récital honnête, modestement mais correctement interprété, sans prétentions, et surtout
perceptible, mais du reste loin d'être enivrant.
Dur de se renouveler ou d'apporter un réel regain d'intérêt dans ce genre ressassé à toutes les sauces, certes, mais il est dommage de constater qu'aucun titre ne retiendra vraiment l'attention, là où leurs
riffs font toutefois volontiers remuer les cervicales.
Et cette première partie aura eu le mérite de nous procurer une once d'enthousiasme pour la suite des événements.
Le temps que les
roadies prennent part à la valse des déménagements, on a tout le loisir de constater deux choses :
- Une vaste bannière estampillée "W.A.S.P. - 1982-2012 - 30 Years" à l'effigie (la vigie) d'un drapeau pirate inscrit dans l'iconique scie circulaire du groupe est dressée derrière le kit de Dupke, tandis que deux étendards dans le même esprit sont hissés sur chacun de ses flancs.
- Une plate-forme centrale un brin surélevé est installée au centre, laquelle ne tardera pas à servir de réceptacle à une perche de micro
lambda.
Elvis serait donc aux abonnés absents, stupéfaction qui, si elle ne suscite pas le désarroi, soulève néanmoins des interrogations légitimes au regard du caractère de célébration que revêt la tournée.
S'agirait-il d'une nouvelle preuve de la mégalomanie nombriliste de Blackie qui souhaiterait ainsi entériner encore davantage sa main mise, voire très clairement sa suprématie au sein de et sur le groupe (je ne parle pas des droits d'auteur qui lui reviennent de plein droit, le monsieur ayant été et demeurant le seul compositeur à bord de ce navire qui prend l'eau de toutes parts) ?
Du haut de ses 2 mètres, Blackie aurait déjà pu être prédisposé au complexe de supériorité dès une tendre adolescence qui,
a contrario, et pour notre plus grand bonheur, s'est révélée porter les fruits d'un grand talent de composition ; il serait donc douteux de s'en remettre à cette seconde hypothèse.
Un coup d’œil en contrebas confirme la forte affluence annoncée, qui
a priori aurait pu être considérée comme un signe révélateur de l'attente que porte le public pour ces 30 ans, et, à défaut de jouer le catalyseur d'un prétexte à se donner à fond pour la première date, être pris comme argent comptant suffisant pour envoyer un tant soit peu la purée.
Les lumières s'éteignent à 21h, l'angoisse m'envahissant intérieurement quant à la troncature du
set prévu pour cause de "
curfew".
Fort heureusement, il n'en sera pas question, comme on le verra par la suite.
La foule est en délire alors que résonne la "bande-annonce" de la tournée compilant en accéléré les tubes les plus illustratifs de la carrière du groupe de leurs prémisses jusqu'à maintenant.
Strictement sonore, sur fond de rotors d'hélicoptères, de sirènes d'alarme et d'affolement des projecteurs, et un peu dans le même esprit que la vidéo ayant servi d'introduction aux concerts de
BLACK SABBATH cette année, celle-ci remplace donc "
Mephisto Waltz", qui était encore diffusée via les baffles sur la tournée précédente.
Dupke est le premier à gravir l'estrade de ses fûts, suivi aussitôt de Duda et Blair, Mr. Attitude et ses bottines blanches à franges ne se faisant pas non plus attendre outre-mesure, acclamés en grandes pompes dans une excitation relative qui a tout de même de quoi rougir face à l'hystérie des '80s.
Et là, c'est le drame :
Une infâme bouillie sonore surchargée en graves, en crépitements étouffés de la saturation des guitares et en décharges assourdissantes de la grosse caisse ne permet même pas de discerner les notes inaugurales du pourtant grandiose "
The Heretic (The Lost Child)", qui ne débutera en tant que tel qu'au terme des chiches roulements de double précédant le premier couplet du morceau (c'est-à-dire dans le sens où il est véritablement interprété par le groupe, et non plus par un incipit foireux provenant d'une bande), toute l'introduction passant du reste à la trappe.
Première bonne surprise, et déjà une balle sournoisement tirée dans le pied.
Je prends mon mal en patience en me disant que le tir sera vite corrigé à la console, et qu'on ne nous dépoussière quand même pas des joyaux du monumental "
The Headless Children" pour les saborder aussitôt, mais si !
Ce son dégueulasse comme je n'en avais pas entendu depuis le passage de Blind Guardian à l'Élysée Montmartre en 2010 perdurera bel et bien du début à la fin, sabotant
ipso facto toutes les belles promesses que ces "
30 Years Of Thunder" auraient pu tenir.
J'en reviens toujours pas.
Qu'un titre aussi excellent soit noyé dans l'amateurisme d'une sonorisation déplorable me dépasse.
Et ça ne s'arrête pas là !
Tandis que nous amateurs de
bootlegs moisis habitués aux qualités sonores les plus fluctuantes commencions à faire un tant soit peu abstraction de cette tare de taille -dont il était pourtant impossible de passer outre, j'insiste là-dessus-, au point de nous adonner à un
headbang allant
crescendo ; et qui ne demandait plus qu'à exploser de catharsis lors de l'excellent et intense
break de guitare survenant avant même le milieu du morceau (à partir de 3'36'' exactement, pour les masos qui veulent vraiment savoir de quoi je parle), on nous assène précisément le plus fourbe des coups de batte derrière la nuque :
On coupe aussi sec le sifflet à cette merveille de composition est interrompue net (laquelle, pour rappel, dure tout de même 7'22'', je vous laisse prendre la mesure de ma frustration) pour laisser place, dans une absence de transition du plus mauvais goût, à la seconde bonne surprise de la soirée :
"
The Torture Never Stops"
Deux surprises en deux titres, mais de quoi se plaint-il le petit con me direz-vous, et
a priori vous n'auriez pas tort.
...Mais c'était sans compter sur les folies castratrices impulsives de Blackie, qui fera également subir à ce hardi rescapé des assassins ailés de 1984 le même triste traitement expéditif et bâtard.
Tout ça pour quoi ?
Enchaîner sur l'omniprésente "
The Real Me" de
THE WHO (excellente chanson, et que j'adore au demeurant dans sa version originale mais dont j'aime beaucoup la reprise studio sur "
The Headless Children" également, c'est pas le problème), qui n'a probablement pas cessé de faire partie des
setlists du groupe depuis '89.
À quoi bon nous imposer une reprise déjà entendue, ré-entendue, répétée, rabâchée, et à nouveau ramenée à la charge à grands coups de talons dans la gueule pour que ça entre jusqu'à plus soif et au point de la dégurgiter littéralement par les oreilles alors qu'ils pourraient puiser dans leur prolifique discographie riche en excellents moments de bravoure ?
W.A.S.P. ont toujours été doués dans l'exercice de la reprise, ça n'est un secret pour personne et c'est tout à leur honneur.
Ils n'ont plus rien à prouver dans ce domaine, et c'est précisément tout le problème.
Trêve de rhétorique, la réponse se présente d'elle-même sur un plateau d'argent et la cuillère en pendentif encore saupoudrée de came qui va avec :
La flemme de Blackie lui fera toujours préférer de nous ressasser les sempiternelles mêmes chansons, rompues à l'effort de la route depuis le temps, plutôt que de risquer nous ressortir de vieux trésors oubliés qu'il leur faudrait répéter intensivement, voire, dans un monde utopique, carrément retravailler et adapter au goût du jour selon des élans fantasques, fantaisistes et innovateurs qui ne frapperont certainement plus jamais l'esprit formaté et maussade du grand et grabataire Steven.
À l'instar de
TOUS les autres titres déjà joués sur les tournées précédentes ("
L.O.V.E. Machine", "
Wild Child", "
Take Me Up", les rappels et consorts), bien évidemment cette reprise sera interprétée dans son intégralité.
Faut pas non plus déconner après tout, Lawless fait déjà suffisamment d'efforts en prenant le risque de nous faire miroiter des vieilleries que tout le monde attendait, il va pas en plus se casser le cul à les jouer en entier.
Ce travers sera récurrent tout du long, puisque là où cette frustration grandissante de ne pas pouvoir profiter de ces titres d'époque salvateurs se forgera au fur et à mesure que la soirée avancera, comme le lieu commun de tous les agacements, le groupe ne se privera pas pour autant d'étendre inutilement les passages les moins pertinents, les plus lourdingues, stéréotypés et déjà vus du
show.
Complètement au hasard :
L'éternelle et inamovible "
I Wanna Be Somebody" (qui commence d'ailleurs sérieusement à me gonfler à la longue, alors que c'est un titre qui me plaisait beaucoup sur disque à l'origine) ne quittera sans doute jamais leur répertoire, là où je n'aurai par exemple jamais entendu "
Hellion" en intégrale, et où "
Sleeping (In The Fire)" ne connaîtra
a fortiori plus jamais son heure de gloire.
Et parlons-en de ce premier simple :
Tandis qu'au moment de faire les comptes, seule une moitié des titres du
set s'en sortent sans être méchamment écourtés, ces messieurs prennent leurs aises à partir du
break, pour leur sempiternel et ridicule "
Opening night audience participation", s'imaginant certainement que tout le monde est venu
EXCLUSIVEMENT pour brailler
ad vitam eternam les simplistes 4 mots du refrain tandis que lui nous refait encore et toujours à l'identique le coup du "
Let's split you guys into 2 perfect halves, right from the front, and hear you on my left, and then you on my right", histoire de voir qui gueulera le plus fort.
Les conneries puériles ça va 2 secondes en tournée habituelle, mais quand on s'est bougé le cul pour être censé entendre de l'originalité...
Et donc ça dure, ça dure, et on s'emmerde dru.
Quitte à verser dans sa fameuse
audience participation, rendez-nous l'heureux élu tiré de la fosse pour pousser la chansonnette et l'hilarant "
Let's hear it for Andy" du concert du 15 Mai '89 au Hammersmith Odeon de London !
C'est d'autant plus pénible à constater que juste avant passe leur ""
Medley à la con interpolant justement "
Hellion", toujours autant rapiécée, "
Scream Until You Like It" dont on n'entend à peine plus d'un couplet, et seul le passage ultra-répétitif le moins intéressant d'"
I Don't Need No Doctor", à savoir son refrain.
J'aime autant écouter la reprise de
HUMBLE PIE, les quotas d'originalité et de satisfaction au moins seront respectés.
Sans parler des magnifiques et trop rares
power ballads que sont "
Sleeping (In The Fire)" et "
Forever Free", qui ne seront ici que reléguées au rang de pâle faire-valoirs compactés au strict minimum, au point qu'il en était déconcertant sur le fait de savoir si on avait bien à faire à de vulgaires et grossiers raccourcis ou de nouveaux morceaux peu inspirés.
Je vous parle même pas de l'instrumentation, la guitare 12-cordes de Chris Holmes et les doux chœurs tout en "Woohoohoo" délicats de Johnny Rod sur la version originale sont évidemment eux aussi aux abonnés absents.
Tout comme les excellentes interventions bienvenues de l'orgue Hammond qui agrémentaient les géniaux "
The Headless Children", "
The Crimson Idol", "
Still Not Black Enough" ou le diptyque "
Neon God" :
C'était bien la peine d'inviter
KEN HENSLEY en personne en '89 si c'est pour nous passer ces partitions depuis des bandes.
Pourraient pas embaucher un claviériste comme les groupes normaux ?
D'autant plus que j'ose même pas imaginer à quel point ça pourrait en jeter si un Hammond pure souche s'était joint à la danse à la grande époque !
J'en reviens d'ailleurs à "
The Headless Children", l'autre grande arnaque du spectacle :
Ici aussi on s'égare en longueurs inutiles en introduction, le groupe évacuant préalablement la scène pour laisser place au discours de Martin Luther King (paix à son âme), diffusé en
backdrops sur les écrans qui étaient initialement masqués par les bannières d'anniversaire.
Si je ne m'abuse, ledit discours servait déjà de prologue sur la tournée de '89.
Très bien, en soi ça ne me dérange absolument pas, d'autant plus qu'à l'époque le tout soulignait sulfureusement le sous-texte hautement engagé -politiquement et écologiquement parlant- de ce mythique concept album qu'est "
The Headless Children".
Sauf qu'ici ça tombait complètement à plat, aucune transition n'étant faite, les raccordements à l'écran étant tout sauf professionnels, et la synchronisation entre l'image et le son était définitivement à côté de la plaque.
Fallait voir les sous-titres en police générique basse résolution pour le croire, un lycéen rendant son boulot pour un exposé fait à la va-vite à la dernière minute ferait franchement mieux.
Cet aspect sincèrement "
cheap" nuisait à l'appréciation globale de la combinaison audio/video, autant n'afficher aucun texte dans ce cas, ça aurait été moins dommageable.
Donc non content de se révéler complètement hors de propos, cet interlude idéologique empiète sur la chanson "
The Headless Children" elle-même, qui, de fait, sera elle aussi, tronquée à près de deux tiers une fois les nappes de synthétiseur en introduction ainsi que les roulements frénétiques de double doublés de cette cavalcade dantesque de
riffs acérés en conclusion honteusement ôtés de l'équation.
Un morceau-titre aussi impressionnant ça se respecte, merde !
Attaquons la seconde partie du
set, à savoir la toute aussi attendue section consacrée exclusivement à leur deuxième concept album encore un cran au-dessus du précédent en termes d'ambition et de folie des grandeurs.
Comme il s'en réclamait lui-même, Blackie avait très largement influencé par les enseignements de son maître à penser
PETE TOWNSHEND dans l'écriture de son récit de l'idole pourpre, ce qui s'en est ressenti de manière largement palpable du point de vue de la musique.
Mais pas seulement, puisqu'il était prévu de tourner un film à part entière qui viendrait appuyer ce légendaire album, à la manière de la complémentarité qui a fait le succès de "
Tommy" et "
Quadrophenia" en leurs temps.
Si ce projet fut finalement avorté, toutes les archives vidéo n'ont pas pour autant été jetées aux oubliettes, et le public aura tôt fait de s'en convaincre à l'aide des mêmes
backdrops évoqués précédemment, qui diffuseront tout le long de ce
set des bribes des différentes prises enregistrées pour "
The Crimson Idol", le film, lequel est également hautement influencé par ses contreparties cinématographiques émanant des intemporels
THE WHO.
Malheureusement, là aussi le travail vite fait mal fait commettra ses sinistres offices, la piètre, quand ce n'est pas radicalement mauvaise, synchronisation des séquences avec les morceaux joués, aura tendance à tout foutre par terre, alors qu'un minimum de travail aurait facilement pu donner de la gueule à l'ensemble.
Et c'est pourtant le cadet de nos soucis à cet égard :
Le terrible constat qu'il m'a été donné de faire durant cette partie du concert surclasse de très loin toutes mes craintes et déceptions confondues vis-à-vis de W.A.S.P. dans sa globalité :
Le groupe a également perdu en professionnalisme du point de vue de l’interprétation musicale sur scène :
Tandis que je ne remette pas une seule seconde le niveau technique actuel de Doug Blair, qui nous a encore une fois prouvé, si tant est que besoin était, qu'il assure toujours le boulot.
On peut d'ailleurs le remercier d'être là pour apporter un peu de fraîcheur aux
soli (désolé aux puristes du français, je suis pas prêt de m'arrêter de si tôt) et de présence scénique plus communicative et enjouée, Blackie semblant vraiment fournir le strict minimum au niveau rythmique, quand il ne lâche pas tout simplement sa six-cordes pour se contenter de chanter.
Je passerai sous silence la controverse quant à l'usage de bandes en
back-tracking venant suppléer Blackie aux vocalises sur la tournée précédente :
Dans le cas présent je m'abstiendrai de m'exprimer pour la simple et bonne raison que le son étant bien trop crade pour distinguer correctement les lignes de chant, j'étais encore moins en mesure de déceler d'éventuelles réminiscences de
playback.
Pour en revenir à cette régression technique donc, ce qui me chagrine vraiment est l'impression renforcée (constat que je n'avais encore jamais fait auparavant) d'avoir à faire à des musiciens confinés dans un
backing band, qui joueraient dans le seul but de mettre en valeur ce qui pourrait s'apparenter à un électron libre, cette dernière observation s'appliquant bien sûr à Lawless de manière spécifique.
En effet, rien à redire non plus sur la section rythmique qui tient la cadence sans heurts (hormis l'écueil d'une ou deux fausses notes isolées à la basse et peut-être de rares pains à la batterie -je m'avancerais pas à ce sujet, on peut pas dire que j'aie vraiment remarqué de faux pas de la part du 2ème Mike-), mais qui, cela dit, a sensiblement tendance à tenir cette cadence trop élevée :
Sans doute sur demande de Blackie, et c'est à nouveau un constat qui fait froid dans le dos, le rythme a été tragiquement accéléré sur plusieurs titres (ce qui signifie donc un raccourcissement supplémentaire desdits titres, vous avez tous suivi des cours élémentaires de maths on va pas s'étendre inutilement là-dessus).
C'est notamment flagrant sur un morceau comme "
The Idol" qui débute dans les accalmies nuancées d'un chant clair haut perché, mais ô combien cristallin, et où l'on a tout le temps et le loisir de prendre toute la mesure du rythme donné par le couple basse / batterie (sans mauvais jeux de mots), et dont, en l'occurrence, la construction des temps s'est vue passer à la vitesse supérieure.
Et tout ce qui faisait la douceur, la légèreté et la beauté de ce morceau de choix de l'album est ainsi anéanti dans l'absurdité des délires toujours plus injustifiés et insensés de la direction musicale douteuse dans laquelle Blackie oriente leurs concerts.
D'un point de vue strictement narratif, le
set consacré à "
The Crimson Idol" est une vaste (encore que le qualificatif n'est sans doute pas le plus indiqué au vu des circonstances) blague :
Le vilain petit canard de la famille se voit propulsé
Rockstar en l'espace d'un
leitmotiv expédié entre 2 portions de paroles piochées de part et d'autre d'"
Arena Of Pleasure" et "
The Gypsy Meets The Boy", le point d'orgue de "
The Idol" tombant comme une mèche dans le bock de houblon sans même que Chainsaw Charlie n'ait fait les présentations.
Musicalement parlant, ça ne vaut guère mieux, dans la mesure où le pourtant magistral "
The Titanic Overture" ne passera qu'en fond, les transitions étant loin d'être des mieux branlées, et le tout ayant la désagréable allure d'un fourre-tout monumental sans nom et farfelu duquel il est rude de dépêtrer les différents titres dont seuls de minimes aperçus sont joués.
"
The Invisible Boy" et "
The Great Misconceptions Of Me" resteront malgré tout d'excellente surprises, ceux-ci ayant quasiment conservé toute leur intégrité, et l'énergie allant de pair avec l'exécution.
De nouveau, on trouve là de belles initiatives, qui sont en contrepartie sabotées malgré elles.
Je passe le pitoyable aperçu de l'apparition de Blackie en coup de vent au cours de "
This Is Spın̈al Tap" (une flèche comme grossièrement dessinée au crayon par un bambin en bas âge venant nous indiquer où se trouve l'intéressé, des fois que l'assistance soit trop abrutie, sait-on jamais) ou encore les très longuettes "variations" de batterie inutiles au possible en guise d'avant-goût de la dernière partie du concert, pour en venir au vif de ce 3ème sujet.
La perche de micro installée sur la plate-forme centrale est soudain escamotée par une armada de techniciens, qui viennent rétablir à Elvis la place qui lui revenait de plein droit, c'est-à-dire le trône au cœur de l'estrade.
Notez que les techniciens en question passeront facilement 5 à 7 minutes à mettre en place le bestiau, soit autant de temps perdu pour un ou deux éventuels morceaux supplémentaires, mais encore une fois, passons...
La dernière grande et excellente surprise de la soirée fait enfin son apparition :
Avançant à pas mesurés vers son Elvis retrouvé, Blackie déboule son haut de forme période "
Live... in the Raw" vissé sur le crâne et son patch de pirate rabattu sur l’œil droit, tandis que, ô stupéfaction, ce n'est plus ni moins que sa basse B.C. Rich Warlock d'époque qu'il porte au bout de sa lannière, Mike Duda ayant récupéré le rôle de guitariste rythmique pour l'occasion.
Et pas des moindres :
Ce n'est nulle autre que l'excellente "
Widowmaker" issue du force énergique "
The Last Command" qui sera alors ressuscitée !
Et là où on pourra à nouveau déplorer que toute l'introduction ne soit pas entièrement jouée par le groupe, les premiers arpèges s'avèrent authentiques, et la volonté d'en découdre surpasse le fait qu'elle se verra, elle aussi, tronquée sur la fin.
Quitte à poursuivre dans cette perspective
vintage, j'en profite pour glisser un mot supplémentaire par rapport aux vidéos mises à contribution pour les projections en fond :
Outre les séquences issues du film dédié au 2ème
set de la soirée, les images tirées du
mockumentary de Rob Reiner, les divers clips du groupe ("
The Real Me", "
L.O.V.E. Machine", "
Wild Child", "
Blind In Texas",
etc.), W.A.S.P. ont eu la bonne idée de nous passer également des portions de leur mythique concert au
Lyceum de
London le
24 Octobre '84, qui était déjà paru sur cassette à l'époque.
La bonne idée dans la continuité serait de rééditer le
live en question sur D.V.D., mais on peut toujours rêver...
Pour répondre à Cillian, si le Douglas nous a, comme à son habitude, offert l'opportunité d'assister à son carnaval de guitares personnalisées, seules des manches simples figuraient au défilé (les multiples scies circulaires rotatives en guise de
pickguards, le vitrail sur la caisse, les diodes disséminées sur le manche et le corps et autres joyeusetés, les spécimens ne manquaient pas).
Pas de Mutant Twin donc, désolé.
Au final, le total cumulé des 2h a été respecté.
Ce qui n'avait pas été précisé en revanche, c'est que ces deux heures comportent également en elles les pertes de temps inutiles des interludes superflus, de l'interminable épilogue dispensable d'"
I Wanna Be Somebody", le
solo de batterie tout autant hors de propos, les annonces vidéo superfétatoires n'apportant rien à l'ensemble, ou encore les brèves sorties de scène du groupe entre certains morceaux.
Pour reprendre ce que disait Yacine, le foutage de gueule avait déjà bel et bien commencé avant même que la tournée ne débute.
On le savait depuis belle lurette, W.A.S.P. n'est bel et bien plus que l'ombre de lui-même, une sombre mascarade dont Blackie doit lui seul assumer la sinistre figure.
Si certains venaient à en douter, je les renvoie à
mon premier message sur le sujet pour rappeler qu'il ne s'agit certainement pas de coups gratuits, je prends absolument aucun plaisir à descendre en flammes ce groupe que j'adore, mais que je n'aurais jamais eu la chance de voir sur scène à l'époque où, à bien y réfléchir, on pouvait encore véritablement parler d'un groupe à part entière.
Ayant déjà mon billet pour la date parisienne le 5 Novembre, j'irai les revoir, mais cette fois je prendrais mes précautions pour apprécier un minimum : la place est en fosse debout et je veillerai à débarquer complètement torché, là au moins il devrait y avoir moyen de prendre toute la mesure de cette triste farce avec le sourire et l'haleine nauséabonde de l'ivrogne fini.
"
This monster that we call the earth is bleeding
Cause the children have been left alone too long
This thing that we've made is fat and feeds on the hate
Of the millions that it's taught to sing the song"
00) 30 Years Of Thunder Ridiculous Commercial Crap [bandes]
01) The Heretic (The Lost Child) [1/3]
02) The Torture Never Stops [1/2]
03) The Real Me [The Who]
04) L.O.V.E. Machine
05) Crazy
06) Wild Child
07) The Filthy Medley:
- Hellion [2/3]
- I Don't Need No Doctor [1/2]
- Scream Until You Like It [1/3]
08) Sleeping (In The Fire) [1/2]
09) Forever Free [1/4]
10) The Headless Children [2/3]
11) I Wanna Be Somebody
The Crimson Idol Masquerade:
00) The Titanic Overture [conneries de bandes]
12) The Crimson Idol Bullshit Medley:
- The Invisible Boy [3/4]
- Arena Of Pleasure [3 riffs se battant en duel]
- I Am One [pas mieux]
- The Gypsy Meets The Boy [30 secondes à tout casser, encore ces foutues bandes]
13) The Idol [second solo de gratte tronqué à 1/2]
14) The Great Misconceptions Of Me
Premiers Rappels :
15) Spinal Tap Heavy Metal Memoires Commercial [surprise, toujours ces PUTAINS de bandes de MERDE]
16) 7 minutes chiantes à crever de giclées de baguettes et olives sur peau de bêtes
17) Widowmaker [2/3]
18) Take Me Up
19) Chainsaw Charlie (Murders In The New Morgue)
Dernier Rappel :
20) Blind In Texas