Chacal a écrit : ↑06 janv. 2025, 14:54
Quelle différence avec les influences alors? Le fait d'écouter du Black Sabbath, du Bowie, du Danzig, du Diamond Head..., bim, ça fait du Metallica (par exemple).
Après c'est un algorithme badass qui mélange le tout, là où d'habitude c'est un être humain du plus ou moins mauvaise foi (pour l'avoir vécu, on peut tout à fait croire qu'on écrit un truc de dingue qui sort de sa tête, alors qu'en fait... on l'a juste écouté quelque part et on s'en rappelle pas).
C'est une (intéressante) question complexe, quand on voit que l'appropriation des créations existantes par l'IA est impeccable et quasi-immédiate ; elle peut réutiliser simultanément une masse d’œuvres sans que personne ne s'en rende compte comme une fusion surpuissante, mais sans ajout de touche personnelle dans sa forme brute. D'où cette sensation parfois de "déjà vu" et/ou de "froid" avec l'IA, sans pouvoir l'expliquer, alors que le résultat est techniquement impressionnant.
Au fond je dirais que la plus grande différence est que la création de l'IA ne résulte pas d'un lent et naturel processus de maturation d'un artiste qui se construit progressivement une identité au gré de ses influences mais aussi de son parcours personnel, de ses instincts, de ses émotions positives et négatives.
Comme tu dis un humain peut lui aussi "copier" le travail d'un autre, y compris involontairement, mais a priori ça ne ressemblera / sonnera jamais totalement comme l'artiste d'origine tellement il y a de paramètres qui entrent en ligne de compte.
Un humain ne pourrait pas non plus combiner autant d'influences qu'une IA peut combiner de données, alors que le fossé grandit de jour en jour. Les influences artistiques dans la création humaine se détectent plus ou moins facilement dans certains cas (cf ton exemple de Metallica), faiblesse qui peut faire sa force car l'artiste est poussé à s'affranchir de ses influences pour affirmer son identité, se réaliser et être reconnu en tant quel tel. Metallica est un bon exemple bardé d'influences flagrantes et qui a pourtant produit une nouvelle entité plus riche (si j'ose dire) et personnelle qu'une fusion pure et parfaite de celles-ci.
Enfin si on extrapole sur le plan philosophique, pour paraphraser Leonard Cohen il y a une faille dans toute chose et c'est à travers les failles de l'humain qu'entre la lumière ; de celle-ci jaillit l'originalité de sa création.
Un certain nombre de créations artistiques (ou scientifiques) mémorables sont le cheminement de faiblesses, d'erreurs, d'échecs voire de drames.
(Bon, des fois ça donne aussi des St Anger

)
Le développement permanent des algorithmes vise au contraire toujours plus de précision et de perfection, en corrigeant progressivement ses incohérences de rendu (le corps humain, les perspectives, etc.), pour l'instant. Mais si jamais un jour l'approche changeait et parvenait à s'humaniser en quelque sorte, alors la création par IA pourrait également en être bouleversée...
Chacal a écrit : ↑06 janv. 2025, 14:54
Du coup si ca revient artistiquement à se tirer une balle dans le pied, les personnes qui vont utiliser ca vont vite le regretter. Est-ce qu'il faut alors vraiment craindre l'impact sur le monde artistique?
Je ne sais pas. Si ce monde était basé sur des principes vertueux, je pense qu'il n'y aurait absolument rien à craindre de l'IA. Mais la réalité étant ce qu'elle est, il ne serait pas si étonnant qu'un grand nombre de groupes adoptent ce moyen, à divers degrés, et que tout le monde s'y habitue de gré ou de force. On va très vite le savoir de toute façon, à la vitesse où ça progresse depuis 2-3 ans.
Si ça devait se généraliser, le minimum que j'en attends alors c'est la transparence : "oui on utilise de l'IA".
Mais certains sont sans doute déjà mal à l'aise avec le sujet, sans parler de ceux qui ne savent peut-être même pas que l'artiste qu'ils viennent de payer pour un artwork s'est servi majoritairement d'IA.